Cameroun : Les écoles aux premières loges d’un conflit sanglant

 

L’attaque avait révulsé le pays. Le 24 octobre, sept écoliers de Kumba, dans une région à majorité anglophone du Cameroun (largement francophone), avaient été abattus dans leur salle de classe. Mardi, un nouveau drame a frappé une autre région anglophone: six à onze enseignants d’une école protestante ont été enlevés par des individus non identifiés.

Le nord-ouest et le sud-ouest du Cameroun sont en proie depuis près de quatre ans à un conflit sanglant entre les forces de sécurité et des rebelles qui revendiquent un État d’«Ambazonie» indépendant dans ces deux régions anglophones.

L’école, une véritable arme de guerre

En perpétrant des violences ou des kidnappings d’élèves ou d’enseignants, souvent contre rançon, les rebelles tentent de dissuader les parents d’envoyer les enfants à l’école, et les fonctionnaires de «collaborer» avec le régime de Yaoundé. «L’école est utilisée comme une arme de guerre dans ce conflit», résumait Ilaria Allegrozzi, chercheuse à Human Rights Watch, après le massacre du 24 octobre.

Fin 2019, l’Unicef faisait état de 855’000 enfants non scolarisés dans les régions anglophones. Environ 90% des écoles primaires publiques et 77% des secondaires étaient alors fermées ou non opérationnelles. Les combats et exactions commis par les deux camps auraient fait plus de 3000 morts et forcé plus de 700’000 personnes à fuir leur domicile depuis 2017.

(AFP/ARG)