
Le projet de départementalisation de Keur Massar a engendré un nouveau découpage administratif très polémique. La localité de Bambilor sera amputée de 5 villages traditionnels et 12 cités qui seront rattachés à Sangalkam. Cette nouvelle mesure administrative installe déjà une vive polémique. Certains parlent de conflit d’intérêt, accusant le maire de Sangalkam, Omar Guèye, par ailleurs, ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires, de se tailler la part du lion. Une thèse que réfute l’envoyé spécial du chef de l’Etat, Jean Paul Dias.
Selon lui, il n’y a aucun conflit d’intérêt parce que ce projet de découpage est dans le circuit administratif et qu’il pourrait même être porté par un autre ministre. « S’il porte le projet, c’est parce que le président de la République lui a demandé de le porter. Mais, il aurait pu le demander au ministre de l’Intérieur ou de la Justice », a fait savoir Jean Paul Dias.
Sur le plan légal, rien ne s’oppose à des découpages administratifs si le besoin se fait sentir. Les textes le prévoient. « Ce sont des dispositions prévues par le Code des collectivités territoriales en ses articles 23, 73, 77, 78. En cas de scission, de reconfiguration de communes, des conseils municipaux des collectivités concernés sont consultés. Mais, uniquement, à titre consultatif. Seulement si, les motifs sont objectifs. Ils ne sont pas liés à des considérations politiques et autres », explique l’ancien Gouverneur, Mbagnick Ndiaye.
Expert territorial, M. Ndiaye estime que le boom démographique noté dans cette zone pourrait bien expliquer cette décision des autorités. L’autre aspect, justifie-t-il, « c’est le phénomène d’ex urbanisation. C’est-à-dire, quand les gens quittent les villes pour s’installer dans la campagne, d’où le rattachement de certaines localités à d’autres pour gérer ce flux démographique. »
En tout état de cause, l’expert en décentralisation, Cheikh Ndong estime que, c’est l’acte 3 de la décentralisation qui n’a pas pris en charge ’’certaines incohérences territoriales’’. « Je ne pense pas qu’il y ait conflit d’intérêt. C’est une question que l’acte 3 de la décentralisation devrait régler. C’est-à-dire, la question de l’incohérence territoriale qui a été mise en suspens. On n’a pas voulu aller très loin pour régler ces questions territoriales. C’est une chose qui est pendante et qu’on devait régler de manière structurelle », a-t-il laissé entendre.
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