Afghanistan – Kaboul: au moins 30 morts dans une explosion devant une école pour filles

 

 

Une explosion devant une école samedi à Kaboul a fait au moins 30 morts et 52 blessés, dont des élèves, au moment où les forces étrangères accélèrent leur retrait, laissant derrière elles un pays déchiré par vingt ans de conflit.

«Le nombre de victimes pourrait augmenter», a prévenu Tareq Arian, porte-parole du ministère de l’Intérieur.

L’explosion s’est produite dans le quartier de Dasht-e-Barchi, dans l’ouest de la capitale afghane, alors que les habitants faisaient leurs courses à l’approche de la fête musulmane de l’Aïd el-Fitr qui va marquer la semaine prochaine la fin du mois de jeûne du ramadan.

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«J’ai vu des corps ensanglantés dans une nuée de fumée et de poussière, alors que certains des blessés criaient et souffraient», a déclaré Reza, qui a échappé à l’explosion.

Des adolescentes qui venaient de sortir de l’école

«J’ai vu une femme chercher entre les corps en appelant sa fille, a-t-elle ajouté. À ce moment-là, elle a trouvé un sac de sa fille ensanglanté et elle s’est effondrée.»

Reza a ajouté que la plupart des victimes étaient des adolescentes qui venaient de quitter leur école.

La mission de l’Union européenne en Afghanistan a fustigé cet «attentat».

«S’en prendre à des élèves d’une école primaire dans une école pour filles, fait de cet attentat une attaque contre l’avenir de l’Afghanistan», a déclaré la mission de l’UE sur Twitter. «Contre des jeunes gens déterminés à améliorer le sort de leur pays».

Les talibans nient être impliqués

La mission d’assistance des États-Unis en Afghanistan a exprimé son «profond dégoût» après l’explosion. Une enquête pour «attaque terroriste» a été ouverte, a déclaré le porte-parole adjoint du ministère de l’Intérieur Hamid Roshan. «Les gens sur place sont furieux et s’en sont pris aux ambulanciers», a déploré de son côté le porte-parole du ministère de la Santé, Dastagir Nazari.

L’attentat n’a pas été revendiqué à ce stade et les talibans ont nié y être impliqués.

Il a eu lieu dans un quartier peuplé majoritairement par des chiites hazaras, souvent pris pour cibles par des militants islamistes sunnites.

En mai 2020, un groupe d’hommes armés avait attaqué en plein jour une maternité soutenue par Médecins sans frontières, tuant 25 personnes, dont 16 mères et des nouveaux-nés. MSF avait décidé par la suite de quitter ce projet.

Cet attentat particulièrement affreux n’a jamais été revendiqué, mais le président afghan Ashraf Ghani avait accusé les talibans et le groupe État islamique.

Le 24 octobre, un homme s’était fait sauter dans un centre de cours particuliers dans le même quartier, tuant 18 personnes dont des étudiants. Cet attentat n’a pas davantage été revendiqué.

Les négociations de paix qui piétinent depuis septembre

L’explosion de samedi intervient alors que les États-Unis et les Européens ont appelé la veille à une reprise «immédiate» et «sans conditions préalables» des négociations en Afghanistan, accusant les talibans de faire régner la violence durant le retrait des forces étrangères et de bloquer le processus de paix.

Les négociations directes inédites entre le gouvernement de Kaboul et les talibans ont débuté en septembre au Qatar, mais elles piétinent. Une conférence spéciale était prévue fin avril en Turquie pour les relancer, mais elle a dû être reportée sine die en raison du refus de participer des talibans pour protester contre le retard du retrait américain, initialement fixé au 1er mai par l’ex-président Donald Trump.

Depuis le début du retrait des forces étrangères, d’intenses affrontements sont en cours, notamment dans la province méridionale du Helmand. Des avions américains ont aidé à repousser une offensive majeure des talibans, qui a conduit des milliers d’Afghans à fuir leur domicile pour échapper aux violences, dans la région de Lashkar Gah.

(AFP)