Obama dit à Netanyahu sa crainte d’une escalade

L’épreuve de force entre le Hamas palestinien et Israël a monté d’un cran jeudi au troisième jour de bombardements israéliens qui, causant un nombre croissant de victimes, n’ont pas stoppé les roquettes de Gaza, malgré l’appel de l’ONU à un cessez-le-feu.

Le président américain Barack Obama a dit jeudi au Premier ministre Benjamin Netanyahu sa crainte d’une escalade de l’affrontement entre Israël et le Hamas, et proposé sa médiation pour l’instauration d’un cessez-le-feu.

Barack Obama, dans une conversation téléphonique avec le dirigeant israélien, «a exprimé sa crainte d’un risque d’une escalade» du conflit, selon un communiqué de la Maison Blanche. «Les Etats-Unis restent prêts à faciliter une cessation des hostilités, y compris le retour à l’accord de cessez-le-feu de novembre 2012»

Le bilan s’alourdit

Plus de 30 Palestiniens ont été tués jeudi à Gaza dans des frappes de l’aviation israélienne, portant à plus de 80 le nombre de morts dans les raids en trois jours, tandis que le Hamas et son allié le Jihad islamique tiraient une centaine de roquettes contre Israël, sans faire de victime mais traumatisant la population locale.

Les sirènes ont de nouveau retenti dans la soirée à Jérusalem, située à 80 km de la bande Gaza, avant une série de puissantes explosions. Deux roquettes sont tombées dans des zones inhabitées, l’une près de la colonie de Ma’ale Adoumim, à l’est de Jérusalem, et l’autre non loin d’une prison militaire israélienne en Cisjordanie occupée, selon des témoins.

Un engrenage déclenché par des meurtres

Deux autres ont été interceptées par une batterie de défense anti-missile Iron Dome. Tel-Aviv, la capitale économique, avait essuyé des attaques similaires en début de journée. Ce nouveau cycle de violences est le plus sérieux depuis l’opération «Pilier de Défense» (novembre 2012), dont l’objectif était aussi de faire cesser les tirs de roquettes de Gaza.

Il a été enclenché après le rapt le 12 juin puis le meurtre de trois étudiants israéliens en Cisjordanie, attribué par Israël au Hamas, suivi de l’assassinat d’un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem par des extrémistes de droite juifs.

Pas de cessez-le-feu pour Netanyahu

Benjamin Netanyahu a exclu tout cessez-le-feu dans l’immédiat, selon Haaretz. «Nous ne parlons avec personne en ce moment de cessez-le-feu, ce n’est pas à l’ordre du jour», a déclaré Benjamin Netanyahu, cité par le quotidien.

«Les résultats de Tsahal (acronyme hébreu de l’armée) sont pour l’instant significatifs et nous allons continuer d’attaquer le Hamas et les autres organisations terroristes», s’est félicité son ministre de la Défense Moshé Yaalon.

800 raids israéliens depuis lundi minuit

L’armée de l’air a pilonné jeudi au moins 60 cibles du Hamas, qui contrôle l’enclave palestinienne depuis 2007, portant à plus de 800 le nombre de ses raids depuis le déclenchement de l’opération «Protective Edge» («Bordure de protection») lundi à minuit.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, une frappe a tué neuf Palestiniens qui regardaient la demi-finale de la Coupe du Monde entre l’Argentine et les Pays-Bas dans un café près de Khan Younès, selon les services d’urgences.

A Khan Younès, dans le sud de l’enclave palestinienne, quatre femmes et quatre enfants ont péri dans deux maisons bombardées. Un cinquième mineur a trouvé la mort lors d’un raid dans le nord du territoire.

Lourdes pertes civiles

Selon l’ONG DCI-Palestine, qui se consacre à la défense des enfants, 14 mineurs avaient déjà été tués mardi et mercredi à Gaza.Un porte-parole militaire israélien, Arié Shalicar, a qualifié de «tragédie» un autre bombardement qui avait fait huit morts mardi à Khan Younès, dont un enfant de 8 ans et deux adolescents, en assurant que l’armée, qui dit avoir cherché à éliminer un chef paramilitaire, avait auparavant donné un ordre d’évacuation aux habitants.

«Lancer un avertissement n’absout pas la partie attaquante de ne cibler que des objectifs militaires ou de s’abstenir de toute attaque si les pertes civiles anticipées sont disproportionnées», a déploré Human Rights Watch.

Plus de 100 roquettes depuis mercredi minuit sur Israël

Toutefois, l’opération aérienne, qui a vidé les rues de Gaza, n’a pas réussi à faire cesser les attaques du Hamas et du Jihad islamique, tous deux puissamment armés et équipés de roquettes à longue portée.

Plus de 100 roquettes se sont abattues depuis mercredi minuit en Israël et 21 autres ont été interceptés par les batteries de défense anti-aérienne. Au total, plus de 220 projectiles ont atteint le territoire israélien depuis le début des hostilités. Le Hamas a revendiqué les tirs de roquettes visant Jérusalem et Tel-Aviv mais aussi Haïfa, à 160 km au nord, et le site nucléaire de Dimona, au sud.

Le Caire ne veut plus jouer la médiation

Selon Firas Abi Ali, expert à l’institut IHS Country Risk, le Hamas est «engagé dans une escalade qui vise à pousser Israël vers une offensive terrestre». Les Palestiniens et les pays de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) ont exhorté le Conseil de sécurité des Nations unies à «mettre fin à l’agression israélienne».

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé à un cessez-le-feu à l’ouverture jeudi d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, en réitérant ses «appels aux deux camps à faire preuve du maximum de retenue».

Le président français François Hollande a appelé également Israéliens et Palestiniens à la «retenue» et à «l’apaisement».Sur le plan humanitaire, l’Egypte a ouvert le point de passage de Rafah pour recevoir les Palestiniens blessés dans l’offensive israélienne.En revanche, Le Caire ne semble plus vouloir endosser le costume de médiateur, comme par le passé, au profit du Hamas, allié des Frères musulmans écrasés par le nouveau pouvoir égyptien.

(ats/afp/Newsnet)