
Des sites de production de vaccins à ARN messager vont être construits par BioNTech, laboratoire allemand, au Sénégal et au Rwanda. Ils permettront dans un premier temps de fabriquer 50 millions de doses contre le Covid-19.
Invité du Jury du dimanche (JDD), le représentant résidant de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) au Sénégal, Christophe Yvetot, a émis des réserves sur cet « objectif très ambitieux. » « Avant de pouvoir produire, il faut avoir un cadre réglementaire au niveau du gouvernement, des différents décrets, des structures pouvant approuver chaque étape, a-t-il justifié.
Nous avons fait un rapport en montrant que pour respecter les bonnes pratiques de fabrication, ce sont des normes internationales de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), il faut pratiquement 17 normes qu’il faut respecter. Tout cela doit être mis en place le plus rapidement possible. Cet objectif peut être tenu si tous les efforts sont faits pour accélérer les procédures. (Mais), il y a des temps qui sont parfois incompressibles. »
Toutefois, a-t-il tenu à souligner que « l’avantage du Sénégal, c’est qu’il a cet expérience. Il ne part pas de zéro. C’est vrai que ces compagnies (Médis) sont parties pour des raisons de rentabilité. Tout ça peut être mis en place. Nul ne peut écrire l’avenir. »
Avant de mettre un autre bémol : « l’unique chose, c’est de mettre le paquet pour que tous les aspects liées à la production parce qu’il n’y a pas que l’aspect technique. Il y a vraiment tout le cadre. Il faut aussi former des gens. Parce que pour l’instant, les études de Pharmacie, au Sénégal, sont concentrées sur les officines pour former des pharmaciens d’officines mais pas beaucoup pour des pharmaciens d’industries. » Il a cité l’exemple de la Tanzanie où l’ONUDI a « créé un Institut qui forme les cadres dans (ce) domaine avec des formations certifiées par des industries certifiées par l’OMS. » Selon lui, il faut ces modules de formation au Sénégal. « Il ne s’agit pas de faire une industrie ad hoc mais on parle d’un effort qui va se prolonger pendant plusieurs années, a-t-il ajouté.
Le partenaire de conclure : « après le vaccin Covid, il y a d’autres vaccins qui vont être nécessaires. Des médicaments qui soient adaptés aux besoins des Africains. On dit souvent, peut-être ce n’est pas la peine de développer votre industrie pharmaceutique parce que cela ne serait pas rentable, votre marché est trop petit. Ce qui a découragé des pays. Mais, je suis allé au Cap-Vert, ils ont une industrie pharmaceutique qui exploite plus de 70 principes actifs et qui produit plus de 100 produits avec une branche qui fait les produits secs (comprimés, etc.), une autre qui fait les produits liquides (crèmes pharmaceutiques, etc.). Si un pays comme le Cap-Vert qui a une population d’à peine 600 mille habitants peut le faire, alors je pense que c’est une démonstration et un espoir aussi qu’en mettant les conditions en place on peut tout à fait créer ces industries en Afrique subsaharienne ».
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