
La succession au poste de Haut représentant pour les affaires extérieures, jusqu’ici occupé par la Britannique Catherine Ashton, est très convoitée. L’Italienne Federica Mogherini est donnée favorite.
Au lendemain de l’élection par le Parlement européen du chrétien-démocrate Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission, les chefs d’Etat et de gouvernement doivent s’atteler mercredi aux autres grands postes de l’UE.
Après le psychodrame de la désignation de Jean-Claude Juncker fin juin marqué par l’opposition jusqu’au-boutiste du premier ministre britannique David Cameron, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a décidé que les prochaines nominations se feraient à l’unanimité des 28.
La première case à cocher, qui sera peut-être la seule mercredi soir, est celle de Haut représentant pour les affaires extérieures, alors que les tensions s’aggravent en Ukraine et au Proche-Orient. Les dirigeants de l’UE évoqueront particulièrement la crise ukrainienne, au moment où les Etats-Unis poussent pour l’adoption de nouvelles sanctions contre la Russie.
L’Italie exige le poste pour sa jeune ministre des affaires étrangères, Federica Mogherini, 41 ans. Mais certains pays de l’Est, la Lituanie en tête, s’y opposent ouvertement en raison de la position de Rome jugée trop favorable à Moscou.
Kristalina Georgieva en outsider
M. Juncker, invité mercredi soir au sommet européen, doit être consulté sur ce poste de premier vice-président de sa Commission. Il ne semble pas non plus très emballé par Mme Mogherini, appelant de ses voeux «une personnalité respectée et expérimentée».
C’est le cas de l’autre candidate, la Bulgare Kristalina Georgieva, actuelle commissaire européenne à l’aide humanitaire. Ancienne de la Banque mondiale, cette femme énergique et passionnée a pour handicap de venir d’un petit pays et d’être apparentée à la droite modérée, alors que le poste semblait promis à la gauche. Mais elle a pour elle l’expérience et vient de l’Europe de l’Est, qui doit être prise en compte dans l’équilibre général des nominations.
Le choix influera sur le reste du puzzle, notamment sur l’autre poste majeur, celui de président du Conseil, chargé de coordonner le travail des chefs de gouvernement et de représenter l’UE.
Atout-charme pour l’Europe
Si la droite décrochait la diplomatie, la gauche devrait logiquement obtenir cette présidence, qu’elle revendique. Son problème est qu’elle n’est pas parvenue à se mettre d’accord sur un nom. Le seul qui émerge est celui de la Première ministre danoise Helle Thorning-Schmidt. Social-démocrate scandinave acceptable par les Britanniques, elle pourrait devenir l’atout-charme de l’Europe. Mais certains pays sont réticents à ce qu’une personnalité issue d’un pays ayant refusé l’euro préside aujourd’hui l’Union européenne.
Du coup la droite, Angela Merkel en tête, est prête à se battre pour garder le Conseil. Elle regorge de candidats, même si la plupart s’en défendent, des Premiers ministres néerlandais Mark Rutte et irlandais Enda Kenny, aux anciens chefs de gouvernement letton Valdis Dombrovskis et estonien Andrus Ansip.
M. Van Rompuy a été chargé de faire une proposition pour un «paquet» comprenant aussi la présidence de l’Eurogroupe. «C’est toujours l’intention, mais rien n’est réglé», soulignait mardi soir une source européenne. En cas de blocage, les chefs d’Etat et de gouvernement se retrouveront à l’automne, avant la fin du mandat de M. Van Rompuy en novembre.(ats/Newsnet)