
Les États-Unis, depuis le début des troubles en Ukraine, se sont clairement positionnés contre les pro-russes. Un soutien aux relents de guerre froide, qui n’a rien à voir avec les intérêts des Ukrainiens.
Atlantico : Les Etats-Unis déploient beaucoup d’énergie pour identifier les auteurs de l’attaque contre l’avion de la Malaysian Airlines et ont été très prompts à montrer du doigt les pro-russes. Quel intérêt ont-ils à leur faire porter le chapeau ?
Jean-Bernard Pinatel : Dès la chute du mur de Berlin en novembre 1989, les stratèges et les hommes politiques américains ont perçu une menace principale : c’est qu’un rapprochement puis une alliance entre l’Europe et la Russie ne contesterait la suprématie mondiale des Etats-Unis qui leur permet, en toute impunité, de s’immiscer dans les affaires intérieures d’un pays, voire de lui faire la guerre et d’imposer un droit international conforme à leurs intérêts comme la encore récemment montré l’affaire de la BNP.
Cette réalité incontestable nécessite un rappel historique pour être admise.
En 1997, l’ancien conseiller national à la sécurité des États-Unis, Zbigniew Brzezinski, publia sous le titre « Le grand échiquier » un livre où adoptant les deux concepts, forgés par Mackinder, d’Eurasie et d’« Heartland ». Il reprenait à son compte sa maxime célèbre : « qui gouverne l’Europe de l’Est domine l’Heartland ; qui gouverne l’Heartland, domine l’Ile-Monde ; qui gouverne l’île-Monde domine le Monde ». Il en déduisait : « Pour l’Amérique, l’enjeu géopolitique principal est l’Eurasie ». Dans une autre publication(1), il explicitait sa pensée: « Si l’Ukraine tombait, écrivait-il, cela réduirait fortement les options géopolitiques de la Russie.
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