Le président sortant Umaro Sissoco Embaló a affirmé dimanche après avoir voté à Gabú être le premier chef d’État bissau-guinéen à se présenter pour un second mandat, appelant à une participation massive dans un contexte de fortes tensions politiques marqué par l’exclusion de son principal adversaire.
Le président sortant de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, s’est déclaré dimanche être « le premier président de la Guinée-Bissau à aller vers un second mandat », après avoir accompli son vote dans la localité de Gabú lors du double scrutin présidentiel et législatif organisé dans un climat de fortes tensions politiques et institutionnelles.
« Je pense qu’il y a toujours une première fois. Je suis le premier président de la Guinée-Bissau à aller vers un second mandat, et j’espère que cela va continuer ainsi », a déclaré M. Embaló aux journalistes présents sur place.
Le chef de l’État sortant a souligné qu’il était seulement le deuxième dirigeant, après José Mario Vaz, lui-même candidat à ce scrutin, à avoir achevé un mandat de cinq ans dans ce pays marqué par une instabilité chronique. « Malheureusement, aucun de mes prédécesseurs n’a pu achever son mandat et en sortir avec les honneurs. Moi, j’essaie. Et celui qui va continuer, c’est moi, dans la succession », a-t-il affirmé.
Interrogé sur la fin des troubles qui ont longtemps marqué la Guinée-Bissau, le président Embaló s’est montré confiant. « L’enjeu, c’est la stabilité politique. Absolument. Et nous l’avons déjà », a-t-il déclaré, assurant qu’il n’y aurait « aucun changement » et que le pays maintiendrait « la même dynamique ».
M. Embaló a rappelé que « la Constitution ne permet pas un troisième mandat », tout en exprimant le souhait que « tout se déroule dans le calme, la paix et la stabilité ».
Dans son message final, le président sortant a lancé un appel à la mobilisation : « J’invite tout le monde à aller voter massivement : ceux de l’est, du nord, du sud… tous les citoyens de la Guinée-Bissau ».
Plus de 960 000 électeurs bissau-guinéens sont appelés ce dimanche à départager douze candidats à la présidentielle, dont l’ancien président José Mário Vaz, prédécesseur d’Embaló, et l’ancien Premier ministre Baciro Dja, ainsi que quatorze formations politiques en lice pour les 102 sièges du Parlement.
Le PAIGC, parti historique de l’indépendance, ne participe donc pas officiellement au scrutin présidentiel, un tournant majeur dans l’histoire politique du pays. Face à cette situation, la formation politique a porté son choix sur le candidat Fernando Dias da Costa.
À la veille de ce vote crucial, M. Simões Pereira avait lancé vendredi un appel vibrant à la mobilisation. « Dimanche 23 novembre, nous devons prendre une décision : soit maintenir le régime actuel, synonyme d’oppression, de menaces, d’enlèvements et même d’assassinats, soit tourner la page en élisant un nouveau président », avait-il déclaré lors du dernier jour de campagne électorale.
Selon un rapport de l’Institut pour les études de sécurité (ISS), le risque de crise post-électorale est élevé en raison d’un processus électoral perçu comme partial. Les divisions internes, notamment au sein des forces armées, pourraient alimenter des tensions après le vote.
L’armée bissau-guinéenne a annoncé avoir pris « toutes les mesures nécessaires » pour garantir la sécurité durant cette période sensible, après l’interpellation récente de plusieurs officiers, dont le général Dahaba Na Walna.
Le retrait en mars dernier de la mission conjointe de médiation de la Cédéao et de l’UNOWAS, suite à des menaces d’expulsion formulées par le président Embaló, reflète la polarisation et la fragilité de la médiation régionale dans ce pays ouest-africain régulièrement ébranlé par des crises institutionnelles et des tentatives de coup d’État.
APA



