Parlons des lacrymogènes utilisés à l’UCAD

 

Depuis plusieurs jours la situation reste tendue à l’université Cheikh Anta Diop. Les étudiants en master initient chaque jour un front pour réclamer le paiement de leur bourse. S’ensuivent alors des affrontements avec la police qui durent maintenant presque toute la journée. Si le maintien de l’ordre assuré par les forces de sécurité est à saluer, il y a lieu de s’inquiéter des grenades lacrymogènes utilisées dans cette mission. En effet, depuis plus d’une semaine, le constat est fait que les grenades posent un vrai problème à la communauté universitaire. Les larmes, les morves, les malaises, la difficulté de respirer, on en enregistre tous les jours.

L’UCAD compte entre 80 000 et 100 000 étudiants, selon les statistiques. Si l’on y ajoute les 3 000 enseignants (1500 permanents, 1500 vacataires) et les 1500 agents du personnel administratif, plus les visiteurs, on est au moins à 100 000 personnes. C’est donc la taille d’une petite ville. Sauf qu’ici, il s’agit d’une ville à la superficie particulièrement réduite. C’est dire donc que la densité de la population au kilomètre carré est énorme. Rien que cette promiscuité en soi suffit pour poser un problème de santé à certains.

Or, dans cette population, il y a des asthmatiques et autres sujets souffrant de maladies respiratoires. Certains ont des yeux irrités au contact de cette fumée. Il nous a été donné de constater au ‘’couloir de la mort’’ une fille asthmatique mal en point. Il a fallu le soutien physique d’un garçon pour qu’elle tienne sur ses deux pieds. La fille reçoit de l’aide pour utiliser la pompe. Ce qui est singulier dans cette scène, c’est qu’elle a eu lieu vers 13h, un jour où les manifestations s’étaient arrêtées vers 11h. Cela veut dire que 2 heures après les manifestations, le couloir gardait encore une odeur insupportable. Jusqu’à 20h et même le lendemain, il suffit qu’un automobiliste passe pour que la poussière ou même le vent soulevé dégage une odeur âcre, difficile à respirer.

Certains agents de l’UCAD ont bénéficié d’un arrêt maladie, d’autres qui ont une santé fragile sont obligés de rester chez eux parce que tout simplement les lacrymogènes sont irrespirables.

On croyait les agents de l’UCAD être les seules victimes. Mais en réalité, l’impact se situe au-delà. « Moi je suis à l’hôpital Fann, mais même là-bas, nous avons du mal à respirer », confie une connaissance. Si le personnel de l’hôpital souffre des grenades lacrymogènes, qu’en est-il alors des malades ? Rappelons qu’au sein de l’UCAD, il y a deux structures de santé (IMPS et service médical du COUD), sans compter certains services de la faculté de médecine qui reçoivent tous des malades.

C’est dire qu’il y a non seulement urgence à apporter une réponse à cette grève des étudiants, mais aussi à revoir les grenades lacrymogènes utilisées dans cet espace à forte concentration humaine avec des sujets souffrant de maladies respiratoires.

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