La commune de Jaxaay-Parcelles est secouée par une affaire tentaculaire d’émigration clandestine institutionnalisée, au cœur même de l’administration municipale. Ce qui n’apparaissait au départ que comme une simple implication du maire Abdoul Aziz Diané et de son secrétaire élu Idrissa Seydi n’était en réalité que la partie émergée d’un iceberg criminel aux ramifications internationales.
Un réseau international soigneusement structuré
Selon le quotidien Libération, les derniers développements de l’enquête menée par la Brigade de recherches de Keur Massar, les gendarmes ont mis à jour une filière d’émigration payante opérant à partir de la mairie, mais contrôlée par un réseau beaucoup plus vaste.
Les investigations ont permis d’arrêter trois chefs d’entreprise, dont un ressortissant béninois, interpellés entre Grand-Yoff, Mermoz et Yoff.
Ces acteurs n’étaient pas de simples intermédiaires : ils étaient le relais local d’une mafia installée en Europe, qui profitait de prétendus forums, festivals, foires et rencontres internationales pour proposer des invitations factices à des candidats à l’émigration.
Les fausses rencontres internationales : la clé du montage
Voici comment fonctionnait la filière :
• Des individus établis en Europe envoyaient de fausses invitations à participer à des événements internationaux.
• Pour justifier ces invitations, les candidats devaient disposer d’un statut officiel.
• Les trois chefs d’entreprise démarchaient alors des maires sénégalais, dont celui de Jaxaay-Parcelles, pour obtenir des fausses délibérations et de faux statuts de conseillers municipaux.
• Chaque candidat devait verser entre 3 et 4 millions de FCFA pour obtenir ces documents.
L’objectif était clair : faire voyager les faux conseillers municipaux vers l’Europe via un visa totalement frauduleux — mais appuyé sur des documents administratifs qui, en apparence, semblaient authentiques.
Plusieurs maires dans le viseur des enquêteurs
L’enquête, loin d’être close, révèle déjà que le maire de Jaxaay-Parcelles n’était pas seul.
D’autres édiles seraient dans le collimateur des gendarmes, qui soupçonnent l’existence d’un vaste réseau impliquant plusieurs collectivités locales.
Les arrestations opérées ne seraient donc que les premières d’une série qui pourrait profondément secouer certaines administrations municipales.
Une mafia du “statut municipal” pour contourner les frontières
Ce réseau avait mis en place une véritable industrie du faux statut, permettant à des candidats à l’émigration de se présenter comme :
• conseillers municipaux,
• chefs de délégation locale,
• membres d’un comité international,
• ou représentants d’une collectivité dans une rencontre à l’étranger.
Une fois munis de ce faux statut, les candidats obtenaient un visa légal, puis disparaissaient une fois arrivés en Europe.
Retour de parquet et imminence de l’information judiciaire
Après leur défèrement, Abdoul Aziz Diané, son secrétaire élu Idrissa Seydi, et les co-accusés ont bénéficié d’un retour de parquet.
Ils seront édifiés sur leur sort dans les prochaines heures, alors que le parquet de Pikine–Guédiawaye envisage de demander l’ouverture d’une information judiciaire.
Cette phase permettra de :
• remonter toute la chaîne de commandement,
• identifier les complices en Europe,
• établir les flux financiers,
• et découvrir l’étendue réelle de l’escroquerie.
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