AFRIQUE DU SUD: Pistorius sera fixé sur son sort le 11 septembre

 

La juge Thokozile Masipa rendra le 11 septembre son verdict dans le procès d’Oscar Pistorius. «Nous reviendrons ici le 11 septembre à 9h30 du matin pour le jugement», a dit la magistrate, clôturant un procès de plus cinq mois. Le parquet a requis une condamnation pour meurtre, tandis que la défense a soutenu la thèse de l’accident.

Depuis le 3 mars, le tribunal de Pretoria a siégé 41 jours au total pour juger le champion paralympique sud-africain, qui a abattu sa compagne Reeva Steenkamp de quatre balles tirées à travers une porte de toilettes, dans la nuit de la Saint-Valentin 2013.

Pistorius encourt jusqu’à vingt-cinq ans de prison.

Le redoutable procureur Gerrie Nel, surnommé «le pitbull», a requis un verdict de meurtre. Il s’est efforcé de démontrer que Pistorius a tué sa compagne dans un accès de colère, alors qu’elle venait de se réfugier aux toilettes pour lui échapper.

Tentative de démonter les arguments du parquet

Le roué avocat Barry Roux, dans le style plus rond mais terriblement efficace que le monde a découvert à l’occasion de ce procès, a cherché vendredi à démonter un à un les arguments du parquet, pour construire un récit qui correspond exactement à la version de l’accusé.

Pistorius affirme qu’il ignorait que Reeva Steenkamp se trouvait aux toilettes peu après 3 heures du matin, cette nuit-là. Il dit avoir entendu un bruit et cru qu’un cambrioleur s’était introduit dans sa maison. Pris de panique, il a saisi une arme et a fait feu sur la porte des toilettes. Tuant «par erreur» la jeune mannequin de 29 ans qu’il fréquentait depuis quelques semaines.

Le défenseur du sportif a mis en avant la psychologie de son client pour expliquer son geste. Amputé des deux jambes au dessous du genou depuis l’enfance, a-t-il soutenu, Pistorius sait par expérience que l’option de fuite, en cas de danger, ne lui est pas ouverte.

«Il n’oublie jamais cela, je n’ai pas de jambes, je ne peux pas courir, je suis différent, il l’a en lui, il ne peut pas faire semblant», a argué l’avocat. Au fil du temps, Pistorius aurait «sur-développé le réflexe de combat» face à un danger, parce que «l’option de la fuite n’existe pas pour lui».

Perception du danger «subjective»

Me Roux a fait l’impasse sur le fait que Pistorius est un sportif de haut niveau, qui a joué au rugby avant de devenir l’un des hommes les plus rapides du monde, avec ses prothèses, au point de participer aux jeux Olympiques de Londres avec les valides en 2012, sur 400 m.

«Sa perception (du danger) est subjective, et il a agit par négligence. Ce qui doit conduire à un verdict d’homicide involontaire», a plaidé l’avocat, insistant sur le fait que son client avait tiré «par réflexe (…) suivant son instinct primaire, dans un état de vulnérabilité».

Barry Roux répondait au dur réquisitoire de Gerrie Nel la veille.

Pour l’accusation, l’affaire est claire: des voisins ont entendu les éclats d’une dispute environ deux heures avant la mort de Reeva. Puis des témoins ont perçu des cris de femme et ce qu’ils ont assimilé à des coups de feu à l’heure du drame.

Dispute et meurtre avec préméditation, pour le procureur

Gerrie Nel en conclut à la dispute et au meurtre avec préméditation.

Mais, ajoute-t-il, même si la cour ne devait pas retenir cette version, le verdict de meurtre est inévitable, car Pistorius a tiré sur ce qu’il a perçu comme un être humain, à travers une porte fermée, de son propre aveu, sans avoir ni entendu ni vu quiconque qui aurait pu le menacer.

La juge Thokozile Masipa devait dire à la fin de l’audience, vendredi, quand elle comptait rendre son verdict.

(ats/Newsnet)