IRAK: Course contre la montre pour sauver les victimes des djihadistes

 

Des milliers de réfugiés sont parvenus dans la région autonome du Kurdistan tandis que les Etats-Unis continuaient de bombarder les positions de l’Etat islamique (EI).

Aidées par les frappes de l’aviation américaine, les forces kurdes ont repris aux djihadistes les villes de Makhmour et Gwer, dans le nord de l’Irak, ont indiqué des responsables kurdes.

Et la France, en liaison avec les autres pays européens, va examiner la possibilité de livrer «de manière sûre» des armes aux Kurdes et aux Irakiens, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius. Il a qualifié de «génocide» les violences des djihadiste dans le nord de l’Irak.

Morts de faim et de soif

Entre 15’000 et 30’000 Yazidis – membres d’une minorité kurdophone non-musulmane – sont parvenus à fuir les monts Sinjar avec l’aide des forces kurdes. Ils ont trouvé refuge au Kurdistan irakien après être passés par la Syrie, a annoncé dimanche une députée yazidie, Vian Dakhil, et d’autres responsables.

Mais selon Vian Dakhil, «le passage n’est pas sûr à 100%» et il en reste «des milliers dans la montagne». L’arrivée des djihadiste et leurs exactions ont en effet jeté 300’000 personnes sur les routes.

Des dizaines de ces réfugiés sont déjà morts de faim, de soif ou par manque de médicaments. Samedi, Vian Dakhil avait averti qu’il ne restait plus qu’«un ou deux jours pour aider (les déplacés dans les monts Sinjar). Après, ils vont commencer à mourir en masse».

Largage d’aide humanitaire

L’aide humanitaire britannique et américaine commençait à arriver à ces survivants pris au piège dans des montagnes désertiques. Les Etats-Unis ont largué de nouvelles cargaisons de vivres – 52’000 repas au total depuis jeudi soir – et des conteneurs d’eau, a annoncé dimanche le Pentagone.

De son côté, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a promis le soutien humanitaire de Paris. Il s’est rendu à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, pour superviser la première livraison de 18 tonnes d’aide humanitaire française aux déplacés.

Les Etats-Unis en ont retiré dimanche une partie de leur personnel. L’ambassade à Bagdad et le consulat à Erbil restent ouverts.

Au moins 300’000 civils en fuite

La prise par l’EI, il y a une semaine, de Sinjar, principale ville abritant des Yazidis, a poussé à la fuite jusqu’à 200’000 civils selon l’ONU. Parallèlement, près de 100’000 chrétiens ont été chassés des plaines de la province de Ninive (ouest de Mossoul) par les djihadiste.

Les fondamentalistes se sont emparés de Mossoul, la deuxième ville d’Irak, et de pans entiers du territoire depuis le début de leur offensive fulgurante le 9 juin. Et depuis fin juillet, ils progressent en direction du Kurdistan irakien, occupant des positions à une quarantaine de kilomètres d’Erbil sans cependant franchir les frontières de la région autonome.

Enterrés vivants

Le ministre irakien chargé des droits de l’homme a annoncé dimanche que les djihadiste ont tué au moins 500 membres de la minorité religieuse yazidie depuis le début de leur offensive.

Selon Mohamed Chia al Soudani, les extrémistes ont enterré vivantes certaines de leurs victimes, dont des enfants, et enlevé environ 300 femmes pour en faire des esclaves.

Indignation internationale

Face aux exactions et à la fuite de ces minorités religieuses dont l’Irak est le berceau historique, les réactions internationales indignées se multiplient. L’Union européenne a dénoncé dimanche des «crimes contre l’humanité» dans les zones où progressent les djihadiste, évoquant des «persécutions et des violations des droits humains fondamentaux».

Au Vatican, le pape François s’est dit «effaré et incrédule» face aux informations relatant les «violences de tous types» en Irak. Il a appelé à «une solution politique efficace aux niveaux international et local» pour les arrêter.

Session reportée

Sur le plan politique, le Parlement irakien a reporté au 19 août une session faute de consensus entre les députés sur le choix du Premier ministre, malgré la pression internationale croissante.

«Il ne peut y avoir aucune explication à ce report», a indiqué Ammar Toma, un député chiite. «Il y a des questions importantes sur la table: le sort des déplacés, la situation sur le plan de la sécurité».

(ats/Newsnet)