
Le Vatican a vivement dénoncé mardi la «barbarie» dont se rendent coupable les djihadistes de l’Etat islamique (EI). «Aucune cause, et sûrement pas une religion, ne saurait (la) justifier», a-t-il accusé, alors que les opérations humanitaires se poursuivent dans le nord de l’Irak et que le pays attend la formation d’un gouvernement.
Dans une longue déclaration, le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux énumère les «actions criminelles indicibles» de l’EI. Il cite notamment «la pratique exécrable de la décapitation, de la crucifixion et de la pendaison de cadavres sur les places publiques», «l’enlèvement des femmes et des jeunes filles», «le paiement d’un tribut» ou «la violence abjecte dans le but de terroriser».
Face à «la situation dramatique des chrétiens, des Yézidis et d’autres communautés religieuses et ethniques minoritaires» en Irak, le ministère du Vatican chargé du dialogue avec l’islam et les autres religions a exhorté «les responsables religieux, surtout musulmans», à condamner «sans ambiguïté» ces violences.
Soutien aux frappes
Dimanche, lors de l’angélus, le pape François avait déjà souligné à l’adresse des djihadistes que l’on ne peut «faire la guerre au nom de Dieu» et demandé «une solution politique efficace» pour «mettre un terme aux crimes», sans porter de jugement sur les frappes américaines.
L’observateur du Saint-Siège auprès de l’ONU, Silvano Tomasi, et l’évêque d’Amadiyah (Irak), Mgr Rabban al Qas, ont de leur côté apporté ce week-end sur Radio Vatican leur appui aux frappes américaines contre les djihadistes .
L’avancée de l’EI a jeté des centaines de milliers de personnes sur les routes, notamment des chrétiens chassés de Mossoul, deuxième ville du pays, et de la localité chrétienne de Qaraqosh, mais aussi de nombreux membres de la minorité kurdophone et non musulmane des Yazidis, menacée depuis la prise de Sinjar, l’un de ses bastions.
Jusqu’à 35’000 personnes ont fui la région de Sinjar et se sont réfugiées au cours des dernières 72 heures en passant par la Syrie dans la province de Dohuk, dans la région autonome du Kurdistan irakien, a affirmé mardi le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Les nouveaux arrivants sont épuisés et déshydratés.
Mission humanitaire
Dans ce contexte, les Etats-Unis ont poursuivi leurs frappes aériennes lundi, pour le quatrième jour consécutif. Ils ont indiqué avoir ciblé quatre postes de contrôle de l’EI – détruisant trois d’entre eux – et plusieurs véhicules. Ces frappes aériennes sont accompagnées de largages humanitaires.
La Grande-Bretagne a ainsi procédé mardi à un deuxième parachutage d’aide humanitaire. Des chasseurs Tornado se tiennent également prêts pour effectuer des missions de reconnaissance dans la région. Mais Londres refuse de participer aux frappes. François Hollande et Angela Merkel ont de leur côté souhaité que l’UE participe «dans les meilleurs délais à l’opération humanitaire» en cours en Irak.
La Commission européenne a annoncé mardi qu’elle allait accorder cinq millions d’euros supplémentaires à l’Irak afin de venir en aide aux populations déplacées et aux communautés qui doivent accueillir les réfugiés. Cela porte l’aide de la Commission pour l’Irak à un total de 17 millions d’euros en 2014.
Soutien de l’Iran à Abadi
Washington a de son côté fait savoir qu’il pourrait octroyer une aide militaire, économique et politique supplémentaire à l’Irak, une fois que sera constitué un nouveau gouvernement. Le secrétaire d’Etat John Kerry a appelé le Premier ministre désigné Haïder al Abadi à constituer rapidement son équipe gouvernementale afin de redonner confiance aux Irakiens.
L’Iran a lui aussi officiellement félicité mardi Haïder al Abadi et appelé à l’unité compte tenu de la situation dans ce pays en proie à une offensive d’insurgés sunnites. Il s’agit de la première déclaration selon laquelle le Premier ministre sortant Nouri al-Maliki n’a plus le soutien de Téhéran, son principal allié dans la région.
Nouri al-Maliki dispose toutefois encore du soutien d’un certain nombre d’officiers au sein des forces armées, qui étaient déployées en force autour de positions stratégiques à Bagdad. Le représentant spécial de l’ONU à Bagdad, Nickolay Mladenov, les a appelées à ne pas s’ingérer dans le processus de transition.
(ats/Newsnet)