Selon les USA, la menace que représente l’EI est inouïe

L’Etat islamique, le groupe de djihadistes extrémistes contrôlant une partie de l’Irak et de la Syrie, est une menace qui va «au-delà de tout ce que nous avons connu» en termes de terrorisme, a affirmé jeudi le ministre américain de la défense Chuck Hagel. «Cela (l’Etat islamique) va au-delà de tout ce que nous avons pu connaître. Nous devons être prêts à tout», a déclaré le ministre au cours d’une conférence de presse à Washington.

L’EI «va au-delà d’un groupe terroriste. Il allie idéologie (et) sophistication de son savoir-faire militaire tactique et stratégique. Il est extrêmement bien financé», a souligné Chuck Hagel.

Jamais jusqu’à présent un responsable de l’administration du président Barack Obama n’avait décrit la menace que représente l’Etat islamique en des termes aussi forts.

Pression maintenue sur l’EI

Les Etats-Unis ont maintenu la pression sur les djihadistes de l’Etat islamique en lançant de nouvelles frappes dans le nord de l’Irak après l’onde de choc provoquée à travers le monde par la décapitation d’un journaliste américain.

Le Pentagone a révélé avoir mené, en vain, un raid en juillet pour tenter de sauver les otages détenus par l’EI. Dans la vidéo montrant l’assassinat de James Foley, les djihadistes menacent d’exécuter un second otage américain, Steven Sotloff, également journaliste, si le pilonnage se poursuit.

90 frappes aériennes ont été menées en Irak

L’armée américaine a mené six nouvelles frappes contre des positions des insurgés aux environs du barrage stratégique de Mossoul, la deuxième plus grande ville du pays, repris dimanche à l’EI par les forces kurdes et irakiennes.

Depuis le début des bombardements, le 8 août, 90 frappes aériennes ont été menées en Irak, selon le commandement américain chargé de la région (Centcom).

Hollande appelle à une large mobilisation

Le président français François Hollande a appelé jeudi à une large mobilisation internationale. «Ce n’est pas simplement un groupe terroriste comme hélas on en a connu, dispersé, éparpillé, avec plusieurs chefs, c’est une entreprise terroriste qui a décidé d’asservir, d’annihiler, d’anéantir», a-t-il dit lors d’une visite à la Réunion, dans l’océan Indien.

«Si le monde ne s’organise pas par rapport à ce groupe, il y aura d’autres images aussi effroyables», a-t-il poursuivi, rappelant sa proposition de prochaine conférence internationale «contre l’Etat islamique et surtout pour la sécurité en Irak».

«Extraire ce cancer afin qu’il ne se répande pas»

Mercredi, le président Barack Obama avait rendu hommage au journaliste américain décapité, appelant «les gouvernements et les peuples du Moyen-Orient» à lutter contre l’Etat islamique qui a conquis de larges parties du territoire syrien et progresse rapidement en Irak, pour «extraire ce cancer afin qu’il ne se répande pas».

«Quand des Américains sont visés quelque part, nous faisons ce qui est nécessaire pour que justice soit faite», a-t-il promis. Mais peu après ses déclarations, le Pentagone a reconnu avoir subi un échec militaire «un peu plus tôt cet été» en Syrie.

Rançon de 120 millions de francs

Il a révélé qu’une opération avait été effectuée pour secourir «un certain nombre d’Américains retenus en otage en Syrie» par le groupe djihadiste mais qu’elle avait échoué, «parce que les otages n’étaient pas présents» là où le pensaient les renseignements américains.

C’est la première fois que les Etats-Unis rendent publique une opération de ce type sur le sol syrien depuis le début du conflit en mars 2011.

Selon le site d’information américain GlobalPost, l’un des employeurs de James Foley, ses ravisseurs avaient réclamé une rançon de 120 millions de francs.
«Pas de place pour l’EI au XXIe siècle»

Barack Obama a jugé que l’EI, qui veut instaurer un califat en Irak et en Syrie, n’avait «pas sa place au XXIe siècle» et que ce groupe islamiste ultra-radical «ne parlait au nom d’aucune religion».

La vidéo diffusée sur internet et intitulée «Message à l’Amérique» montre un homme s’exprimant en anglais avec un accent britannique, masqué et habillé de noir qui semble couper la gorge de James Foley, enlevé en novembre 2012 en Syrie.

Le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré qu’il était «de plus en plus probable» que le bourreau non identifié soit un Britannique.

Nécessité d’une réponse multilatérale

Pour le chef d’Interpol, Ronald Noble, cette implication probable d’un Britannique démontre «une nouvelle fois la nécessité d’une réponse multilatérale contre la menace de terreur de combattants radicalisés transnationaux» au Moyen Orient.

Les images de l’exécution ont provoqué la révulsion et le début d’une mobilisation plus large des pays occidentaux et ont aussi choqué le pays musulman le plus peuplé du monde, l’Indonésie.

Un danger pour tous

La France a dit envisager une «stratégie globale» contre un «quasi-Etat terroriste», tandis que Berlin et Rome se sont dits prêts à faire comme Washington et Paris, en livrant des armes aux forces kurdes pour les aider à repousser l’offensive djihadiste dans le nord de l’Irak.

La présidence tunisienne a vivement condamné jeudi les «crimes sauvages» de l’EI, jugeant que cette organisation représentait «un danger pour tous les Etats de la région».

Le Qatar a également condamné jeudi la décapitation du journaliste américain, dénonçant «un crime contraire aux principes de l’islam».

Une violence «humiliante» pour les musulmans

De son côté, l’Iran a lié une aide éventuelle dans la lutte contre l’EI en Irak aux négociations nucléaires avec les grandes puissances. «Si nous acceptons de faire quelque chose en Irak, l’autre partie dans les négociations devrait faire quelque chose en retour», a déclaré le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, cité par l’agence officielle Irna.

Le président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, qui dirige un pays où est pratiqué un islam modéré, a jugé la violence des djihadistes «humiliante» pour les musulmans.

«C’est choquant, hors de contrôle», a-t-il déclaré au quotidien The Australian en appelant «tous les dirigeants à revoir leur façon de lutter contre l’extrémisme».
(afp/Newsnet)