Ukraine: le Conseil de sécurité se réunit en urgence

 

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni vendredi pour des consultations d’urgence après l’entrée dans le bastion pro-russe de Lougansk en Ukraine d’un convoi humanitaire russe, qualifié d’«invasion» par Kiev.

L’ambassadeur de Lituanie Raimonda Murmokaite, dont le pays avait demandé cette réunion, a estimé que l’entrée dans l’Est de l’Ukraine de camions russes, sans l’accord de Kiev représentait une «violation de la souveraineté de l’Ukraine».

Le Conseil a commencé ses consultations derrière des portes closes peu après 15 heures locales (21 heures en France). L’Union européenne a dénoncé une «claire violation» de la frontière entre les deux pays.

«Violation de la souveraineté»

Le secrétaire général Ban Ki-moon a fait part de sa grave préoccupation et appelé à la retenue. Les pays occidentaux redoutent que ce convoi transporte du matériel destiné aux forces séparatistes pro-russes.

Les 300 camions sont tous arrivés vendredi soir dans le centre de Lougansk, leur destination, selon la télévision d’Etat russe.

L’envoi de ces camions «constitue une violation de la souveraineté de l’Ukraine par la Russie», a estimé Caitlin Hayden, la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

L’ambassadeur adjoint de l’Ukraine à l’ONU, Oleksandr Pavlichenko, avait auparavant dénoncé lors d’une conférence de presse une «violation flagrante de (la) souveraineté» de l’Ukraine et redit que Kiev ne savait toujours pas ce qu’il y avait dans les camions.

Inquiétude sur le contenu

«L’inquiétude est grande car jusqu’à présent ni la partie ukrainienne ni la Croix-Rouge ne savent ce que contient ce convoi», a aussi affirmé le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un courrier aux membres du Conseil de sécurité.

L’ambassadeur russe Vitaly Churkin a donné une liste du contenu des camions: des générateurs électriques, du sucre, du thé et de la nourriture pour bébé, et s’est moqué de ceux qui suggèrent qu’ils transportent des armes.

Quand on lui a demandé si le convoi transportait de l’aide pour les rebelles, il a répondu: «avec de la nourriture pour bébé ?».

«Les Etats-Unis n’ont pas le monopole»

«Les Etats-Unis n’ont pas le monopole en matière d’humanisme. Si vous essayez de remettre en cause notre humanisme, je ne l’apprécierais pas», a-t-il ajouté.

Le diplomate a dit espérer que la Croix-Rouge, qui a renoncé à escorter le convoi pour des raisons de sécurité, puisse aider à la distribution de l’aide aux habitants assiégés, qui vivent sans eau ni électricité depuis des semaines.

Les quinze membres du Conseil devaient notamment entendre vendredi un point sur le convoi, par le secrétaire général adjoint de l’ONU Oscar Fernandez-Taranco.

Inspection des camions «empêchée»

Les Etats-Unis et les pays européens avaient demandé à Moscou de travailler avec Kiev et le Comité international de la Croix-rouge pour que le convoi puisse être contrôlé.

Mais des responsables ukrainiens ont été empêchés d’inspecter les camions, selon le ministère ukrainien des Affaires étrangères, tandis que la Croix-Rouge a renoncé à escorter le convoi, n’ayant pas reçu de «garanties de sécurité suffisantes».

Le Pentagone américain a réclamé vendredi que la Russie retire «immédiatement» son convoi d’Ukraine.

(afp/Newsnet)