147 jours: le premier gouvernement Valls restera l’un des plus éphémères de la Ve République

 

Hormis les gouvernements constitués pour mener une campagne législative, seul le dernier gouvernement Messmer, interrompu par la mort de Pompidou, aura duré moins longtemps.

Le compteur s’est arrêté à 147 jours: entré en fonctions le 2 avril 2014, Manuel Valls a présenté la démission de son gouvernement ce 25 août, avant d’être immédiatement chargé par l’Élysée de former une nouvelle équipe dont tout indique qu’elle se fera sans le ministre de l’Économie Arnaud Montebourg, en conflit ouvert sur la ligne à suivre. Le gouvernement Valls I restera donc dans l’histoire comme l’un des plus éphémères de la Ve République.

À part le sien, quatorze gouvernements ont duré moins d’un an. Six ont duré moins de 147 jours: Messmer IIIMauroy IRocard IRaffarin IFillon I et Ayrault I.Mais les cinq derniers ne peuvent être comparés au gouvernement Valls: à chaque fois, il s’agissait de gouvernements constitués après l’élection présidentielle et dont, suivant une tradition de la Ve République, le Premier ministre avait présenté la démission dans la foulée de la victoire de son camp aux législatives. Il reste donc le gouvernement Messmer III (89 jours), qui constitue un cas bien plus spécial et rarissime de crise politique que le gouvernement Valls, puisqu’il avait été interrompu par le décès subit de Georges Pompidou, le 2 avril 1974.

Finalement, les cas les plus comparables, par certains traits, sont sans doute ceuxdu premier gouvernement Pompidou en 1962, dont la vie avait été abrégée par une motion de censure de l’Assemblée nationale au sujet de l’élection du président de la République au suffrage universel direct, qui suivait elle-même de six mois une fronde gouvernementale sur les propos du général de Gaulle sur l’Europe. Ou le premier gouvernement Juppé qui, après six mois de pouvoir, avait démissionné fin novembre 1995: à l’époque, expliquait Libération, il s’agissait, après six mois de«couacs, maladresses, bévues», de constituer une équipe resserrée avec pour objectif… la réduction des déficits.

 

 

 

Mais ce remaniement s’était fait avec une équipe inchangée aux principaux postes et avait surtout été marqué par l’éviction de nombreuses ministres femmes, les«juppettes». Le véritable couac au sommet avait eu lieu trois mois plus tôt, quand le ministre de l’Économie Alain Madelin avait été poussé à la démission après avoir tenu des propos jugés déplacés sur les «avantages acquis» des fonctionnaires. Cela se passait… un 25 août.