
Le président ukrainien Petro Porochenko a déclaré mercredi que toutes les parties, dont la Russie, ont soutenu ses propositions pour mettre un terme aux affrontements dans l’est de l’Ukraine, après un entretien à Minsk avec le président russe Vladimir Poutine.
Une «feuille de route» va être élaborée pour parvenir à un cessez-le-feu aussi vite que possible dans l’est de l’Ukraine, a annoncé mercredi le président ukrainien Petro Porochenko après une entrevue avec son homologue russe Vladimir Poutine. Les négociations ont été «difficiles et complexes».
Vladimir Poutine et Petro Porochenko ont entamé mardi un entretien en tête-à-tête en marge d’un sommet crucial à Minsk sur fond d’escalade dans l’est séparatiste de l’Ukraine où les rebelles tentent d’ouvrir un «nouveau front».
Sommet inédit
Les deux dirigeants ont commencé un entretien bilatéral dans la soirée en marge d’un sommet inédit réunissant l’Ukraine, la Russie et ses alliés de l’Union douanière (Bélarus et Kazakhstan) ainsi que des représentants de l’Union européenne pour chercher une sortie diplomatique à la crise ukrainienne qui a provoqué le pire conflit entre Moscou et l’Occident depuis la fin de la guerre froide.
Sur le terrain, un «nouveau front» s’est ouvert près de la frontière russe dans la ville côtière de Novoazovsk (sud-est) où des journalistes de l’AFP ont pu entendre des bombardements tous azimuts en début d’après-midi. La veille, l’armée ukrainienne a affirmé avoir stoppé une colonne de blindés venue de Russie dans ce secteur.
Le président Porochenko a néanmoins déclaré que l’Ukraine «cherchait la paix dans le Donbass», bassin minier de l’Est où les combats ont fait plus de 2.200 morts en quatre mois et où les forces ukrainiennes ont capturé lundi pour la première fois dix parachutistes russes.
Preuve de l’implication russe
La clé du succès de l’opération militaire est selon lui le contrôle de la frontière russo-ukrainienne: «Il faut tout faire pour arrêter les livraisons d’armes aux séparatistes», a-t-il déclaré.
Quelques heures avant la rencontre, Kiev a diffusé des interrogatoires filmés de soldats russes, largement repris par les télévisions comme la première preuve matérielle de l’implication des forces régulières russes dans le conflit.
«Un prix trop élevé pour son indépendance»
Au cours d’un entretien avec le chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, Petro Porochenko a déclaré que l’Ukraine payait «un prix trop élevé pour son indépendance».
Après avoir convoqué lundi soir des législatives anticipées le 26 octobre, Petro Porochenko l’a assurée que l’Assemblée sortante ratifierait en septembre l’accord d’association signé avec l’Union européenne vu d’un très mauvais œil par Moscou.
Le rapprochement avec l’UE au cœur des tensions
La décision du précédent gouvernement ukrainien prorusse de suspendre cet accord a déclenché une vague de contestation pro-européenne sans précédent qui s’est soldée dans un bain de sang à Kiev.
Ont suivi l’annexion de la Crimée par la Russie en mars et une insurrection armée prorusse dans l’Est inspirée et armée, selon l’Ukraine, par Moscou.
Arrivés en Ukraine «par accident»
Dix parachutistes russes du 331e régiment de la 98e division aéroportée ont été arrêtés lundi soir à une vingtaine de kilomètres de la frontière.
Après la diffusion des images en Ukraine, une source militaire russe a confirmé l’arrestation de soldats en affirmant qu’ils avaient franchi la frontière «par accident».
L’un d’eux a expliqué qu’il pensait dans un premier temps participer à des «manœuvres» pour lesquelles on leur avait demandé de couvrir de peinture blanche les numéros de leurs véhicules. Il a déclaré s’être rendu compte que l’Ukraine et la Russie étaient en guerre quand son blindé a été bombardé.
Il était impossible de savoir dans quelles conditions ces soldats ont été interrogés.
«Incursions militaires» de la Russie
La Maison Blanche a dénoncé lundi les «incursions militaires» de la Russie en Ukraine jugeant qu’elles constituaient une «escalade significative».
Les rebelles prorusses ont de leur côté annoncé la veille avoir lancé une contre-offensive au sud de leur bastion de Donetsk dans ce qui semble être une tentative de prendre l’armée ukrainienne en tenaille, mais Kiev a affirmé avoir repoussé ces attaques.
Des combats se déroulaient mardi près de Novoazovsk, à 12 km à l’ouest de la frontière russe. Une épaisse fumée était visible au-dessus du secteur de cette ville côtière de 11’000 habitants sous contrôle loyaliste située au bord de la mer d’Azov. L’armée ukrainienne a annoncé 12 morts dans ses rangs en 24 heures.
Défilé de prisonniers de guerre
Les rebelles avaient déjà choqué l’opinion à Kiev et en Occident en faisant défiler dimanche des prisonniers de guerre ukrainiens devant la foule dans le centre de leur bastion de Donetsk, sans que Moscou n’y voie «rien d’humiliant».
Moscou a placé lundi Kiev devant la perspective d’une nouvelle démonstration de force en annonçant l’envoi «dès cette semaine» d’un nouveau convoi humanitaire, quelques jours après l’entrée en territoire ukrainien d’un premier convoi sans l’autorisation de Kiev.
(afp/Newsnet)