TURQUIE: Erdogan remet les clés du gouvernement à Davutoglu

 

Ahmet Davutoglu, le successeur de Recep Tayyip Erdogan, a reçu mercredi 27 août les clés du gouvernement turc.

Le président turc élu a proclamé l’avènement d’une Turquie nouvelle et a promis la poursuite des réformes entreprises sous l’impulsion de l’AKP.

Lors d’un congrès extraordinaire, l’homme fort du pays depuis onze ans, qui doit être investi jeudi chef de l’État, et son successeur ont assuré leur transition en douceur, devant quelque 40’000 partisans réunis dans une salle d’Ankara.

Seul candidat, Ahmet Davutoglu a été formellement élu président du Parti de la justice et du développement (AKP) à l’unanimité de ses 1382 délégués et doit désormais être nommé jeudi Premier ministre sitôt le nouveau président en fonction.

Recep Tayyip Erdogan a rendu les clés du parti qu’il a lancé en assurant qu’il ne serait jamais celui «d’un seul homme» et que Ahmet Davutoglu ne serait pas sa marionnette. Le président élu a conclu son dernier discours de chef de l’AKP sur une note d’émotion, accueillie par les larmes de nombreux militants.

«Le temps de dire au revoir est arrivé. Vous savez combien il est difficile pour moi de partir», a confié Recep Tayyip Erdogan. «Mais je vais rester en contact avec vous, peut-être moins fréquemment qu’avant», a-t-il promis.

Dérive dénoncée

A la tête du gouvernement depuis 2003, Recep Tayyip Erdogan, 60 ans, a été élu haut la main président de la République le 10 août en recueillant 52% des voix dès le premier tour d’un scrutin disputé pour la première fois au suffrage universel direct.

Recep Tayyip Erdogan va faire à coup sûr basculer le pays dans un régime semi-présidentiel. Pas question pour lui de se couler dans les fonctions essentiellement protocolaires de la présidence.

Il a déjà exprimé le souhait d’exercer deux mandats, ce qui le mènera en 2023, année du centième anniversaire de la république kémaliste, une date symbolique pour celui qui fait souvent référence dans ses discours à l’Empire ottoman.

A plusieurs reprises, il a confirmé sa volonté de garder les rênes du pouvoir en modifiant la Constitution pour renforcer les prérogatives de sa fonction.

Cet objectif, dénoncé par l’opposition comme une nouvelle preuve de la dérive «autoritaire» et «islamiste» de Recep Tayyip Erdogan, passe par une large victoire de l’AKP aux législatives de 2015. La majorité des deux tiers (367 sièges sur 550) est nécessaire pour amender la loi fondamentale. L’AKP n’en dispose «que» de 313 actuellement.

Ennemis de l’État

Sitôt confirmé dans ses fonctions de chef de l’AKP, Ahmet Davutoglu a fait de ce scrutin et de la réforme de la loi fondamentale sa «priorité».

Dans un discours aux accents très militants et aux références historiques et religieuses, le futur chef du gouvernement a promis de poursuivre l’œuvre de «restauration» du pays engagée il y a onze ans et a renouvelé sa totale allégeance à Recep Tayyip Erdogan.

Il a repris à son compte les combats de son prédécesseur. Il a promis de poursuivre son combat contre les «ennemis de l’État», allusion au mouvement islamique de Fethullah Gülen honni par le régime, et qualifié de «complot» la fronde antigouvernementale de juin 2013.

Âgé de 55 ans, Ahmet Davutoglu, un musulman intransigeant, est depuis 2003 l’un des plus proches collaborateurs de Recep Tayyip Erdogan.

(ats/Newsnet)