
Les anti-euro allemands ont fait pour la première fois leur entrée dans un parlement régional, lors d’un scrutin en Saxe dimanche 31 août. Les conservateurs de la chancelière Angela Merkel gardent toutefois largement la majorité.
Selon des résultats partiels diffusés par la chaîne de télévision publique ZDF à 19h00 heure locale, le parti anti-euro Alternative für Deutschland (AfD), créé au printemps 2013, a obtenu 9,9%, tandis que les chrétiens-démocrates (CDU) de Mme Merkel récoltaient 39,8% des suffrages (contre 40,2% il y a 5 ans).
«C’est un super résultat», s’est félicité Bernd Lucke, le professeur d’économie qui a fondé l’AfD. «C’est le moment pour un nouveau parti en Allemagne», a estimé cet homme qui a régulièrement attaqué, sans succès, les plans de sauvetage de l’euro devant la Cour constitutionnelle allemande.
Son parti, qui a fait de la fin de l’euro son cheval de bataille, avait déjà effectué une percée aux élections européennes du 25 mai, où il avait obtenu sept députés au Parlement européen. Il avait échoué de peu à entrer au Bundestag, lors des législatives fédérales de septembre 2013.
A la recherche d’un allié
La tête de liste de l’AfD en Saxe, Frauke Petry, une chimiste de formation de 39 ans, mère de quatre enfants, a tenté d’étoffer le discours de son parti, incitant notamment les couples à avoir plus d’enfants, alors que l’âge moyen de la population allemande augmente.
L’AfD milite également pour le développement des référendums d’initiative populaire, par exemple sur la construction de mosquées et de minarets. Des thèmes qui font dire à une majorité d’Allemands que l’AfD est un parti nationaliste et populiste.
Le scrutin dans ce Land d’ex-RDA était le premier vote régional depuis le triomphe de Mme Merkel à ces législatives, à l’issue desquelles elle fut réélue pour un troisième mandat de quatre ans à la tête de la première économie européenne.
Si les chrétiens-démocrates sont assurés de continuer à gouverner en Saxe comme ils le font depuis la Réunification allemande en 1990, ils devront trouver un nouveau partenaire de coalition, car leur ancien allié, le Parti libéral (FDP), n’a pas atteint les 5% nécessaires pour avoir des élus (4,1%). Avec la Saxe, les Libéraux quittent d’ailleurs le dernier parlement régional où ils étaient encore représentés. Ils ont déjà été éjectés du Bundestag à l’automne.
Faible participation
La gauche radicale Die Linke, où l’on retrouve nombre de communistes de la défunte RDA, reste la deuxième force politique de Saxe avec 18,3% des suffrages (contre 20,6% en 2009), suivie des sociaux-démocrates (SPD, 12,4%), qui devraient gouverner à Dresde avec la CDU comme ils le font à Berlin au niveau fédéral. Les Verts ont obtenu 5,4%, et le sort du parti d’extrême droite NPD était incertain car les résultats partiels le donnaient juste sous la barre des 5% (4,9%).
La participation en Saxe était la deuxième plus faible dans un Etat régional allemand depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, en dessous des 50% (contre 52,2% en 2009). Seule la Saxe-Anhalt avait fait moins bien en 2006 avec 44,4%.
Traditionnellement, la participation est toujours plus faible dans les Etats régionaux d’ex-RDA que dans ceux de l’Ouest. En outre, ce dimanche était le dernier jour des vacances scolaires d’été en Saxe, ce qui, selon les experts, aurait favorisé l’abstention.
Alors que l’Allemagne s’apprête à célébrer le 25e anniversaire de la chute du Mur de Berlin le 9 novembre, deux autres scrutins régionaux sont organisés le 14 septembre, dans le Brandebourg, qui entoure Berlin, et en Thuringe (centre). Ce dernier Land pourrait être pris par la gauche radicale de Die Linke aux conservateurs de Mme Merkel.
(ats/Newsnet)