
Les activités de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) ont pu mettre en lumière des cas troublants de blanchiment de capitaux, les uns plus cocasses que les autres.
L’étudiante sénégalaise, née dans un pays européen, a failli réussir un poker florissant. Mais, la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) l’a alpaguée au coin d’une banque de la place. La dame, dont l’identité a été biffée dans le rapport, séjourne régulièrement dans un pays étranger alors qu’une partie de sa famille vit à Dakar. Elle est titulaire d’un compte épargne dans les livres d’une banque dakaroise réputée. Jusque-là, tout est normal. Mais, sur une période de quatre (4) mois, le compte reçoit, par plusieurs versements en espèces, effectuées par différentes personnes, un montant cumulé de plus de 100 millions de FCfa. L’argent est envoyé par le canal d’un système de transfert d’argent international. Au débit, le compte a enregistré deux opérations de 10 millions FCfa. Un an après l’ouverture du compte, la banque reçoit un virement d’une contrevaleur de plus d’un milliard de FCfa, ordonné par une société installée dans un pays tiers. La banque interpelle dans un premier temps l’étudiante sénégalaise sur la provenance de ses biens. Prise au dépourvu, elle estime d’abord que l’argent provient de la cession de la maison de sa mère. Ensuite, dans un ultime élan de justification, elle tente un coup de poker gagnant qui va s’avérer navrant par la suite. Elle indique que les fonds sont le produit de la vente d’un tableau d’art (une peinture célèbre) faite par son père artiste-peintre qui réside dans le pays étranger où elle fait ses études. A l’appui, la “richissime” étudiante produit un document intitulé : “Facture de vente” portant cession d’un tableau de peinture datant de 1923 et signé de l’artiste-peintre mondialement connu. L’importance des sommes versées sur le compte bancaire de cette étudiante sans activité connue a conduit la banque à mettre la puce à l’oreille des agents de la Centif.
Dans son rapport 2013, la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) investigue pour découvrir que les justifications de l’étudiante sont douteuses. “Le donneur d’ordre du transfert d’un milliard de FCfa est une société spécialisée dans le conseil en acquisition et en transport d’objets d’art, régulièrement inscrite au registre du commerce. Le Document facture de vente produit n’est ni authentique ni conforme aux usages d’un montage réalisé par l’utilisation de l’en-tête d’un expert. En plus, l’oeuvre est plutôt une sculpture réalisée en 1920 par un autre artiste et non celui indiqué par l’étudiante”, lit-on dans le rapport 2013. Le président de la Centif, Waly Ndour, et ses collaborateurs de conclure que ces faits, susceptibles de constituer une infraction de blanchiment de capitaux, ont été portés à la connaissance de l’autorité judiciaire. L’histoire de cette étudiante riche comme Crésus va animer bientôt les chroniques judiciaires locales.