RUSSIE: L’Ukraine oscille entre pressions et espoirs de trêve

 

 

Le président ukrainien Petro Porochenko a annoncé, jeudi 4 septembre, en marge du sommet de l’Otan, qu’un accord de cessez-le-feu devait être signé vendredi avec les rebelles prorusses, tandis que l’Alliance atlantique accroît ses pressions sur la Russie.

A l’issue d’une réunion avec ses partenaires occidentaux (américain, britannique, français, allemand, italien), Petro Porochenko, hôte vedette d’un sommet dominé par la crise ukrainienne, a annoncé qu’un plan pour un cessez-le-feu dans l’est séparatiste de l’Ukraine devrait être signé vendredi à Minsk (Bélarus).

«Demain à Minsk, un document doit être signé prévoyant les étapes de la mise en œuvre d’un plan de paix pour l’Ukraine. La disposition clé du plan est un cessez-le-feu», a déclaré le président ukrainien affaibli à la suite notamment d’importants revers des forces loyalistes dans l’est de son pays, allé chercher à Newport les soutiens alliés.

Réunion cruciale vendredi

Le «groupe de contact» composé de représentants de Kiev, de Moscou et de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) doit se réunir vendredi avec les rebelles dans la capitale bélarusse à 14 heures (13 heures en Suisse).

Sur leur site internet officiel, les séparatistes prorusses se sont de leur côté dits prêts à ordonner un cessez-le-feu vendredi en cas d’accord à Minsk.

Prudence toujours de mise

«Pour l’instant, il n’y a pas de cessez-le-feu, il n’est pas encore décidé, donc il n’est pas crédible parce qu’il n’est pas encore acté», a prudemment commenté le président François Hollande. «Il ne pourra y avoir de cessez-le feu que s’il est accompagné d’un ensemble de principes permettant un règlement politique», a-t-il insisté.

«Il est bien sûr trop tôt pour avoir des attentes à l’heure actuelle. Mais le président Porochenko était prudemment optimiste dans nos entretiens, assurant que nous sommes entrés dans une phase de sérieuses négociations», a déclaré pour sa part le ministre allemand des Affaires étrangères Franz Walter Steinmeier.

Moscou souffle le chaud et le froid

Cette prudence occidentale s’explique notamment par l’attitude de Moscou, accusé de participer à la crise en Ukraine, et qui souffle depuis des mois le chaud et le froid.

Et sur le terrain, la situation restait très tendue. De nombreuses explosions se sont produites aux abords du port stratégique ukrainien de Marioupol sur les rivages de la mer d’Azov, ont constaté des journalistes.

L’armée ukrainienne a affirmé de son côté que l’artillerie russe avait ouvert le feu sur les positions ukrainiennes près de la localité de Bezymenne, à une trentaine de kilomètres à l’est de Marioupol.

Guerre des mots avec la Russie

Le sommet de l’Otan s’est ouvert dans un contexte de guerre des mots avec la Russie.

Pendant qu’une soixantaine de chefs d’Etat ou de gouvernement posaient pour la photo de famille jeudi midi à Newport, pour un sommet censé envoyer un message de fermeté à Moscou, la réplique ne s’est pas fait attendre de Moscou.

Les Etats-Unis soutiennent «le parti de la guerre en Ukraine», a ainsi lancé le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov, dénonçant «un sursaut de la rhétorique antirusse» à la faveur de la crise ukrainienne.

Dans une veine encore plus antioccidentale, le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine a pour sa part qualifié sur Twitter l’Otan de «fille hystérique de la Guerre Froide».

Pressions accentuées sur Mosocu

Les 28 membres de l’Alliance, quant à eux, entendent accentuer leurs pressions sur Moscou.

Décision emblématique de ces pressions, l’annonce, à la veille du sommet, de la suspension par la France de la livraison d’un Mistral à la Russie. Paris livrera ce navire de guerre à condition qu’un cessez-le-feu soit instauré dans l’est de l’Ukraine et qu’un «règlement politique» soit trouvé à la crise, a précisé jeudi François Hollande.

Par ailleurs, d’autres sanctions européennes pourraient être annoncées vendredi.

Un des sommets «plus importants»

Ce sommet de l’Otan, qualifié de l’un des «plus importants dans l’histoire de l’Alliance» par son secrétaire général Anders Fogh Rasmussen, doit aussi se pencher sur un autre dossier brûlant : la menace représentée par l’Etat islamique (EI), responsable d’atrocités en Syrie et en Irak, et qui a revendiqué les meurtres de deux journalistes américains.

L’EI a l’ordre du jour

«La communauté internationale dans son ensemble a l’obligation de stopper l’avancée de l’Etat islamique», a lancé Anders Fogh Rasmussen.

La lutte contre cette organisation ultra-violente fera l’objet de réunions en marge du sommet et constituera le principal thème du dîner des chefs d’Etat jeudi soir, Washington tentant de bâtir une coalition contre l’EI.

Le président américain Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron ont réaffirmé leur «détermination à affronter» cette organisation, dans une tribune publiée jeudi par le quotidien The Times.

(afp/Newsnet)