Le chef du parti de l’opposition turc réélu

 

 

Le chef du principal parti de l’opposition turque a été réélu vendredi au cours d’une convention extraordinaire, malgré son échec cuisant à l’élection présidentielle remportée par l’ex-Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et une forte contestation interne.

Lui-même pas candidat

Pendant ce scrutin à bulletins secrets, le président sortant du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), Kemal Kiliçdaroglu, a obtenu les suffrages de 740 délégués, contre 415 en faveur du vice-président contestataire du mouvement, Muharrem Ince.

M. Kiliçdaroglu n’a pas lui-même défendu les couleurs de son parti à la présidentielle du 10 août mais sa décision de présenter un candidat commun avec le Parti de l’action nationaliste (MHP, extrême droite), Ekmeleddin Ihsanoglu, a fait l’objet de vives critiques.

Loin derrière Erdogan

Intellectuel réputé et musulman pratiquant, ce dernier, âgé de 70 ans, avait été loin d’avoir fait le plein des voix dans la frange laïque et la plus à gauche du CHP et n’avait recueilli que 38% des voix, loin des 52% obtenues par M. Erdogan dès le premier tour.

Devant les délégués du parti, M. Ince a dénoncé ce choix et la dérive à droite du parti fondé par le père de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk.

«Il est regrettable que le CHP, un parti qui a quatre-vingt-dix ans, ne soit pas capable de présenter un candidat issu de ses propres rangs. Chercher des voix à droite pour élargir son soutien ne me gêne pas, mais je refuse en revanche que l’on s’éloigne de nos principes et de nos valeurs», a-t-il déploré à la tribune.

Le CHP est un parti moderne

M. Kiliçdaroglu a catégoriquement démenti ces accusations. «Ils disent que le CHP penche à droite, qu’il a trahi Atatürk et est devenu démodé. Mais le CHP est un parti moderne, c’est le parti du courage», a-t-il assuré.

«Nous respectons toutes les différences. Respecter les différences et les croyances ne signifie pas virer à droite», a martelé M. Kiliçdaroglu.

Depuis son arrivée au pouvoir 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) de M. Erdogan a réalisé un grand chelem inédit en remportant les élections qui ont eu lieu depuis, dont deux référendums.

 

(afp/Newsnet)