
Le Parlement régional devait voter, dans la journée du vendredi 19 septembre, une loi autorisant la consultation.
La réponse du gouvernement espagnol, fermement opposé à ce vote, devait être immédiate, par le biais d’un recours devant le Tribunal constitutionnel.
«Il y a cinq ans, on nous disait que nous ne pouvions pas voter. Finalement, nous l’avons fait et ça a été formidable», se souvient Maria Angels Gros, 39 ans, la présidente du centre culturel qui avait accueilli ce scrutin. «J’espère que nous pourrons vivre à nouveau cela le 9 novembre».
Dépités, les habitants d’Arenys écoutaient pourtant avec envie, vendredi matin, les nouvelles d’Ecosse, retransmises en direct, dans le bar Infinit, par la télévision catalane.
Droit de vote
«L’important n’était pas tellement qu’ils disent oui ou non. Il est certain que nous espérions les retombées d’un ‘oui’ pour la Catalogne», remarque Josep Maria Garrell, un pâtissier de 55 ans.
«Mais l’important est qu’eux, ils ont pu voter, et pas nous», ajoute-t-il, avant d’avertir: «S’ils interdisent le référendum, ils feront naître des milliers d’indépendantistes de plus».
A 40 kilomètres au nord de Barcelone, ce bourg de 8000 habitants, niché entre mer et montagne, avait été le premier de la région à organiser un référendum sur l’indépendance catalane.
Le «oui», massif, avait provoqué un effet domino et en deux ans, 554 municipalités catalanes avaient organisé leur propre scrutin, y compris la capitale, Barcelone. Cinq ans plus tard, Arenys vient de fêter cette date symbolique, sa place principale pavoisée du drapeau indépendantiste.
Ressentiment
«Pour beaucoup de gens, ces consultations ont mis sur la table la question de l’indépendance. Mais le 9 novembre ne doit pas être un Arenys de Munt bis. Les choses doivent se faire dans la légalité», remarque le maire du bourg, Joan Rabasseda, du parti indépendantiste de gauche ERC, devenu aux élections européennes de mai la première force régionale.
Depuis, les aspirations à l’indépendance n’ont cessé de croître en Catalogne, privée en 2010, sur décision de la justice espagnole, d’une partie de son statut d’autonomie élargie voté en référendum en 2006.
Dans cette région prospère du nord-est de l’Espagne, à la forte identité culturelle, le ressentiment envers Madrid a grandi aussi durant les années de crise économique, la Catalogne, contrainte comme le reste du pays à de lourds sacrifices sociaux, accusant le gouvernement central de répartir inégalement les richesses.
Politique de l’autruche
Face à la poussée indépendantiste, le gouvernement conservateur dirigé par Mariano Rajoy est resté de marbre. A l’inverse du gouvernement britannique face à l’Ecosse, il s’est toujours dit déterminé à empêcher, par la voie judiciaire, le référendum promis pour le 9 novembre par le président catalan Artur Mas, un conservateur allié aux indépendantistes d’ERC.
Mais après avoir promis qu’il n’agirait que dans la légalité, Artur Mas pourrait très bientôt se retrouver dans une impasse, le Tribunal constitutionnel se préparant à déclarer son projet contraire à la Constitution espagnole, qui interdit à une région de décider seule de son avenir.
Coup dur
Alors qu’un «oui» de l’Ecosse aurait pu, selon lui, enclencher au sein de l’Union européenne un processus favorable à l’indépendance d’autres régions, un «non» porte un coup sévère à son projet.
«J’aurais aimé que le ‘oui’ l’emporte pour que s’ouvre le débat au niveau européen. Mais ce débat, nous espérons qu’il s’ouvrira en Catalogne,» confie le maire d’Arenys de Munt.
«Si nous avions eu un David Cameron au lieu d’un Mariano Rajoy…», soupire-t-il. «Cameron a autorisé le vote, offert des contreparties, tenté de séduire. Ici, ils ne font que nous étouffer».
(afp/Newsnet)