
Les deux candidats au second tour de l’élection présidentielle afghane, Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah, ont signé dimanche un accord de gouvernement d’union nationale. Il devrait mettre fin à trois mois de contentieux électoral et de paralysie politique dans ce pays encore fragile.
MM. Ghani et Abdullah ont signé le traité instituant un gouvernement d’union nationale à la mi-journée devant la presse à Kaboul, quelques jours après un attentat taliban meurtrier dans la capitale, signe de la menace persistante de la rébellion malgré plus de douze ans d’intervention militaire occidentale.
La publication des résultats définitifs de l’élection, qui devrait donner la victoire et donc la présidence à M. Ghani selon des sources concordantes, est attendue plus tard dans la journée.
Salué par Washington
«La signature de cet accord politique contribue à mettre un terme à la crise politique en Afghanistan et ramène la confiance», a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, dans un communiqué. «Nous soutenons cet accord et nous tenons prêts à travailler avec le prochain gouvernement pour assurer son succès», a ajouté le porte-parole.
L’accord entre les deux hommes était vivement encouragé par l’ONU et les alliés de Kaboul, au premier rang desquels les Etats-Unis. La communauté internationale, en particulier Washington, principal bailleur de fonds de l’Afghanistan, s’inquiète des risques de turbulences politiques à quelques mois du retrait des forces de l’Otan prévu à la fin de l’année. Cependant, le traité n’écarte pas les risques de confrontation future au sommet de l’Etat car la Constitution confère au président la majorité des pouvoirs.
Ghani président
Ashraf Ghani, que les résultats préliminaires du second tour donnaient vainqueur avec 56,4% des voix, devrait succéder au président Hamid Karzaï. Abdullah Abdullah devrait de son côté désigner un chef de l’exécutif ou se nommer lui-même à ce poste appelé à devenir «Premier ministre exécutif» dans les deux ans, selon un projet d’accord consulté par l’AFP.
Au lendemain du second tour à la mi-juin, Abdullah Abdullah, qui avait largement devancé M. Ghani au premier tour (45% des voix contre 31,6%) avait dénoncé des fraudes massives en faveur de son rival, exacerbant les tensions entre les Tadjiks, qui lui sont favorables, et les Pachtounes, qui soutiennent M. Ghani.
Afin d’écarter les risques d’instabilité politique, les deux candidats avaient signé début août, en présence du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, un accord sur le principe d’un gouvernement d’unité nationale qui serait formé quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle.
Tâche herculéenne
Le nouveau gouvernement aura la délicate tâche de stabiliser et sécuriser le pays, l’un des plus pauvres du monde, et relancer son économie au moment où l’aide internationale commence à se tarir.
Il pourrait tenter de relancer les projets de négociation de pays avec les talibans, qui ont toujours échoué jusqu’ici, pour mettre fin à un conflit où le nombre de victimes de cesse d’augmenter. Au cours des huit premiers mois de cette année, la guerre a tué selon l’ONU plus de 2300 civils afghans, soit 15% de plus que l’an dernier sur la même période.(smk/ats/Newsnet)