Accalmie en Ukraine, mais le processus de paix piétine

 

La trêve des combats semble se consolider dans l’est de l’Ukraine. L’OTAN a même signalé un retrait significatif des troupes russes.

L’annonce mardi 23 septembre d’élections présidentielle et législatives le 2 novembre dans les régions russophones de Donetsk et de Lougansk a été un coup dur pour le chef de l’Etat ukrainien Petro Porochenko. Celui-ci avait proposé aux séparatistes le principe d’un «statut spécial» pour trois ans.

L’ébauche de son plan de paix visait à accorder une plus grande autonomie aux régions séparatistes, avec des élections locales le 7 décembre et une amnistie sous conditions pour les combattants. Les «directions» des régions séparatistes ont toutefois opposé une fin de non-recevoir et annoncé les scrutins de novembre pour désigner leurs députés et leur «chef».

«Nous avons notre conseil suprême et nous décidons nous-mêmes quelles élections organiser et à quelle date», a martelé Alexandre Zakhartchenko, «Premier ministre» de la «République populaire de Donetsk» (RPD – autoproclamée). Il a affirmé que les élections législatives ukrainiennes du 26 octobre ne seraient pas organisées dans les zones tenues par les rebelles.

Avenir incertain

Ces annonces mettent en lumière la fragilité du processus de paix lancé ces dernières semaines. Si la trêve des combats est globalement respectée, le volet politique concernant l’avenir des régions russophones de l’Est est beaucoup plus problématique.

Et Kiev craint que Moscou et les séparatistes fassent tout pour geler les positions actuelles et, plus globalement, le conflit. La région industrielle du Donbass pourrait devenir une nouvelle Transnistrie, un de ces mini-Etats non reconnus de l’ex-URSS.

Voix ukrainienne à l’ONU

Le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, devait relayer les craintes de Kiev lors d’un discours mercredi devant l’Assemblée générale de l’ONU à New York.

Les Occidentaux craignent l’approche de l’hiver en raison des éventuelles répercussions de la guerre du gaz que se livrent Moscou et Kiev. Ukrainiens, Russes et Européens doivent se retrouver vendredi à Berlin pour une nouvelle session de discussions à ce sujet.

Parallèlement, le Japon -à l’instar de l’Union européenne et des Etats-Unis- a annoncé mercredi de nouvelles sanctions contre la Russie. Le gouvernement de Shinzo Abe va restreindre les exportations d’équipements et de technologie militaires, et interdire à cinq banques russes d’émettre des titres dans l’archipel.

Les canons reculent

Sur le plan militaire, l’armée et la rébellion continuent le retrait de leurs canons de la ligne de front. En éloignant graduellement leurs pièces d’artillerie, les belligérants permettent la mise en oeuvre d’une zone tampon de 30 kilomètres à cheval sur la ligne de front gelée le 19 septembre. Mais cette zone démilitarisée peine à se concrétiser.

L’OTAN a confirmé mercredi un retrait significatif des troupes russes dans l’est de l’Ukraine. Selon l’Alliance, environ 1000 soldats russes sont encore territoire ukrainien. Et des tirs rebelles sont toujours signalés dans le secteur de l’aéroport de la Donetsk.

«Désinformation russe»

Signe de la tension entre Moscou et Kiev, les médias russes accusent les militaires ukrainiens d’avoir torturé et assassiné quatre civils à l’est de Donetsk. Ce que l’armée de Kiev a démenti catégoriquement mercredi, dénonçant un «nouvel exemple de désinformation par les médias russes».

Selon la chaîne russe NTV, des rebelles ont découvert les corps de trois femmes et un d’un homme près du village de Kommounar. A Moscou, le parti Russie Unie, principal soutien du président Vladimir Poutine, s’est emparé de l’affaire et a demandé la création d’une commission internationale.

Depuis cinq mois, le conflit dans l’est de l’Ukraine a fait plus de 3200 morts. Il a poussé plus de 600’000 civils à fuir leur maison.(ats/Newsnet)