Aucune sortie de grève en vue chez Air France

 

La grève des pilotes d’Air France se poursuivait samedi pour la 13e journée consécutive sans aucune perspective de sortie de crise après le refus du gouvernement et de la direction du groupe de nommer un médiateur.

Intervention du gouvernement

Malgré les pressions pour cesser le mouvement, dont un nouvel appel du premier ministre Manuel Valls à arrêter une grève «insupportable», les pilotes ont récusé les dernières propositions de la direction.

Syndicats et direction se renvoient dos à dos et s’accusent mutuellement de refuser toute concession et, comme au premier jour, les grévistes restent majoritaires samedi, à 57%, selon la compagnie aérienne.

Ce Samedi 27 septembre au matin, le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL, majoritaire) a assuré à l’AFP avoir proposé une solution de sortie de crise dans laquelle les pilotes faisaient des «concessions»: elles sont, selon lui, sur la table depuis quelques jours mais auraient été bloquées par Alexandre de Juniac, le PDG du groupe Air-France-KLM dont l’Etat détient 16%.

Les deux parties s’accusent mutuellement

«Les pilotes faisaient de grosses concessions en acceptant les conditions de travail de Transavia, mais demandaient en échange un contrat de travail unique», a expliqué le porte-parole du syndicat, Guillaume Schmid.

Faux a répondu un porte-parole de la compagnie, dénonçant les «positions sinueuses et contradictoires du SNPL».

«Il n’y a ni proposition ferme ni protocole d’accord sur la table» a-t-il affirmé: selon lui, «la proposition à laquelle (le SNPL) fait allusion est celle de réflexions exploratoires» présentées par les pilotes en début de semaine et rejetées «de façon collégiale par l’ensemble de la direction d’Air France et d’Air France-KLM».

Pour le porte-parole, «la mise en cause de M. de Juniac est absolument fausse et pour le moins curieuse» a-t-il insisté, jugeant l’attitude des pilotes «difficile à suivre».

Discussions suspendues

«Nous avons sur la table un plan de sortie de crise présenté hier (vendredi 26 septembre), équilibré, qui apporte des garanties aux pilotes et répond en grande partie aux inquiétudes exprimées tout en permettant le développement de Transavia aux conditions du low cost» a-t-il estimé.

Sur cette base «les négociations peuvent reprendre dans la seconde. La porte de la salle reste ouverte jour et nuit» a-t-il noté. Elles ont été suspendues dans la nuit de vendredi à samedi sans qu’aucun rendez-vous n’ait été fixé.

La direction proposait de maintenir l’emploi des pilotes «aux conditions d’exploitation et de rémunération de Transavia France, afin de garantir la compétitivité de cette dernière ainsi que son développement en complémentarité avec le réseau Air France».

Jugeant que cela «ne répondait pas aux préoccupations de la profession», le SNPL, qui craint de voir fondre les avantages du statut Air France au profit du statut Transavia, moins généreux, a demandé au gouvernement la nomination «sans délai d’un médiateur indépendant». Proposition rejetée par Matignon.

Le projet low cost Transavia à l’origine

Depuis le 15 septembre, les pilotes en grève protestent contre les conditions de développement de la filiale low cost d’Air France Transavia. S’ils ont obtenu l’abandon du projet de Transavia Europe, ils réclament des garanties sur les conditions de travail à Transavia France.

Un avion sur deux en moyenne reste au sol depuis cette date et le préavis de grève du SNPL court jusqu’à mardi 30 septembre inclus.

Le Spaf, deuxième syndicat représentatif, s’est aligné vendredi sur cette date, accusant la direction d’être «responsable du pourrissement de la situation». Il a affirmé samedi travailler à «une contre-proposition» et prévenu qu’à défaut de reprise rapide des négociations, il serait amené à prolonger l’appel à la grève.

Selon la direction, la situation d’Air France «devient extrêmement délicate», puisqu’elle perd chaque jour «20 millions d’euros».

Environ un vol sur deux était assuré samedi, un léger mieux par rapport à la veille (47%). Les professionnels du secteur (aéroports, voyagistes, etc.) ont eux souligné que cette grève était «catastrophique pour le secteur aérien français».

 

(afp/Newsnet)