
Les combats faisaient rage ce vendredi 3 octobre à Donetsk aux environs de l’aéroport stratégique disputé par l’armée ukrainienne et les séparatistes prorusses, qui ont reçu, selon Kiev, des renforts de la Russie, au lendemain de la mort dans un bombardement d’un employé suisse de la Croix-Rouge.
«Escalade dangereuse»
L’intensification des combats et des bombardements des zones d’habitation dans ce fief rebelle ayant fait onze morts en deux jours a été dénoncée comme «une escalade dangereuse» par le bureau du secrétaire général de l’ONU, un mois après la conclusion d’une trêve fragile entre Kiev, Moscou et les séparatistes prorusses.
Deux fortes détonations ont retenti vendredi matin près du centre de Donetsk qui a renoué jeudi avec les violences, selon une équipe de l’AFP.
Le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko a fait état de «combats incessants» pour l’aéroport de Donetsk, toujours contrôlé selon lui par l’armée ukrainienne après deux assauts rebelles la veille avec des chars.
Chars russes
Il a affirmé que la Russie avait envoyé des renforts en «chars, armes lourdes et soldats» aux séparatistes prorusses à l’assaut de l’aéroport ainsi que des drones «dirigés par des spécialistes russes». Deux soldats ukrainiens ont été tués et neuf blessés au cours des dernières 24 heures, a-t-il annoncé.
Kiev comme les Occidentaux accusent le Kremlin de jeter de l’huile sur le feu dans ce conflit de plus de cinq mois qui a fait plus de 3.200 morts et un demi-million de réfugiés et déplacés.
L’Otan a affirmé cette semaine que «des centaines» de soldats russes se trouvaient toujours dans l’est de l’Ukraine, alors que le dernier accord de Minsk prévoit le retrait de tous les combattants étrangers.
Le nouveau secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a réclamé mercredi «un vrai changement dans les actions de la Russie», estimant que ce pays «maintient sa capacité de déstabiliser l’Ukraine». Moscou dément toute implication dans le conflit ukrainien.
«Malgré les initiatives pacifiques du président ukrainien, l’agression russe contre notre Etat n’a pas cessé», a déclaré vendredi le président du parlement ukrainien, Olexandre Tourtchinov.
«Le cessez-le-feu a été violé plus de 1.000 fois, des soldats et des civils continuent de périr», a-t-il déploré lors d’une rencontre avec les dignitaires religieux.
Environ 70 soldats ukrainiens et civils ont péri depuis le début de la trêve le 5 septembre, selon un comptage de l’AFP.
La mort dans un bombardement à Donetsk jeudi soir du Suisse Laurent DuPasquier, 38 ans, administrateur au sein de l’antenne locale du CICR, a provoqué une vive émotion en Occident alors qu’en Ukraine les deux camps se sont rejetté la responsabilité du drame.
Kiev, qui qualifie les insurgés prorusses de «terroristes», a jugé vendredi que la mort du collabotateur du Comité international de la Croix-Rouge était «un acte terroriste» perpétré par les rebelles afin d’intimider les organisations internationales présentes sur le terrain.
Interrogé par l’AFP, le vice-Premier ministre de la république autoproclamée de Donetsk, Andreï Pourguine, a de son côté affirmé que le Suisse avait été tué par un projectile de l’armée ukrainienne tiré d’un lance-roquette multiple Ouragan depuis la localité de Krasnogorivka, à 20 km à l’ouest.
Sur le front gazier, la situation semble être dans l’impasse.
Privée des livraisons russes depuis juin dans un contexte de différend politico-commercial avec Moscou, l’Ukraine n’est visiblement pas prête à accepter un compromis tant que l’accord de paix dans l’Est prorusse ne sera pas respecté.
Le ministre ukrainien de l’Energie, Iouri Pordan, doit avoir à Bruxelles des discussions sur le dossier compliqué de la fourniture de gaz à l’Ukraine, mais une rencontre tripartite prévue vendredi avec l’Union européenne et son homologue russe Alexandre Novak a été ajournée.
(afp/Newsnet)