
Près 12 ans de pouvoir du Parti des travailleurs (PT) et à la veille du scrutin, les Brésiliens sont divisés sur le choix pour la présidence, dimanche 5 octobre.
Dans ce vaste pays émergent en quête de second souffle après le boom socio-économique des années 2000, les Brésiliens sont divisés, entre défenseurs d’un héritage de conquêtes sociales historiques incarné par Dilma Rousseff, et partisans d’une alternance apte à relancer le pays et à répondre à leurs aspirations de moralisation de la vie publique et d’amélioration des services publics.
Dilma Rousseff, 66 ans, aborde ce premier tour en favorite, avec 40% des intentions de vote. Elle connaîtra dimanche soir son adversaire pour un 2e tour prévu le 26 octobre, qui s’annonce plus qu’indécis.
Silva et Neves en embuscade
Dimanche, les partisans du changement vont devoir trancher. Entre l’aventure d’une «rupture» avec les grands partis traditionnels incarnée par l’atypique Marina Silva, 56 ans, apôtre d’une «nouvelle politique». Et l’alternance en terrain connu représentée par Aecio Neves, le candidat du puissant Parti social-démocrate brésilien (PSDB), le grand rival du PT, qui a gouverné le pays de 1995 à 2002.
Après une irruption tonitruante dans la campagne, Marina Silva, qui rêve de devenir la première présidente noire du pays, a glissé dans les sondages et pointe actuellement à 24% d’intentions de vote. «C’est l’heure de voter pour qui est réellement capable de battre le PT», a exhorté vendredi Marina Silva, sur son compte Twitter.
Cette dissidente du PT devait tenir samedi un meeting dans l’Etat de Sao Paulo, avant de rejoindre l’Etat d’Acre en Amazonie, où elle a connu une enfance pauvre, pour aller y voter dimanche.
Aecio Neves, longtemps très distancé mais remonté à 19 et 21%, ne désespère pas de se qualifier à l’arraché pour le second tour. Il va faire le forcing ce week-end en animant trois meetings dans l’Etat de Mina Gerais, bastion électoral dont il a été deux fois le très populaire gouverneur.
Pacte anti-PT
Dilma Rousseff doit s’adresser, elle, aux militants travaillistes à Belo Horizonte puis à Porto Alegre. Mme Rousseff abordera le second tour en favorite, mais elle doit s’attendre à une élection «très difficile» car «Marina Silva et Aecio Neves scelleront très probablement un pacte anti-PT entre les deux tours», selon le politologue Lucio Renno, de l’Université de Brasilia.
«Il existe une volonté de changement de politique économique, spécialement dans les classes aisées. Mais elle est concurrencée par une volonté de préserver et de défendre les conquêtes sociales et les améliorations du niveau de vie apportées par le PT», analyse pour sa part son collègue Castro Neves.
André Cesar, analyste pour le consultant Prospectiva, pense de son côté que Dilma Rousseff finira par l’emporter. Mais il souligne qu’un «tel niveau d’imprévisibilité et d’émotion n’a plus été atteint depuis 25 ans au Brésil». Il faut en effet remonter, selon lui, à 1989, année des premières élections post-dictature au suffrage universel, remportées de justesse par Fernando Collor face à l’ex-président Lula (2003-2010), le mentor politique Dilma Rousseff.
(ats/Newsnet)