SYRIE De nouveaux raids affaiblissent les djihadistes à Kobané

 

 
La coalition internationale conduite par les Etats-Unis a intensifié dans la nuit de mercredi 8 au jeudi 9 octobre ses frappes près de la ville kurde syrienne de Kobané qui, selon l’armée américaine, résiste encore aux djihadistes. La ville serait encore contrôlée par les combattants kurdes.

«Les milices kurdes continuent de contrôler la majeure partie de la ville et résistent face au groupe EI», a assuré mercredi soir dans un communiqué inhabituel le commandement américain chargé du Moyen-Orient et de l’Asie centrale (Centcom).

Les Etats-Unis, aidés cette fois par la Jordanie, ont lancé mercredi huit nouvelles frappes près de Kobané, qui s’ajoutent à six frappes qu’ils avaient menées précédemment mardi et mercredi avec les Emirats arabes unis.

Destructions d’équipements et de baraquements de l’EI

Les huit nouvelles frappes ont détruit cinq véhicules armés, un dépôt d’équipements, un camp de commandement, un camp logistique, et huit baraquements.

Les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) avaient pourtant avancé mercredi après-midi dans Kobané et reçu des renforts en hommes et en équipements, malgré les frappes jugées insuffisantes par le Pentagone pour sauver cette ville située à la frontière avec la Turquie.

«Les frappes aériennes à elles seules ne vont pas y arriver, ne vont pas apporter une solution et sauver Kobané», a dit le porte-parole du Pentagone. «Il faudrait des troupes compétentes, des rebelles syriens ou des forces gouvernementales irakiennes, pour parvenir à vaincre» le groupe Etat islamique (EI).

Emeutes meurtrières

La bataille de Kobané, ville à la frontière turque défendue par des forces kurdes moins nombreuses et bien moins armées, a provoqué des émeutes meurtrières dans des provinces à majorité kurdes de Turquie et s’est même exportée en Allemagne (voir info box ci-contre) avec des violences impliquant des Kurdes.

Ci-dessous, les images des émeutes en Turquie:

Malgré les raids des avions de la coalition dirigée par les Etats-Unis, «les djihadistes ont avancé à partir de l’est en direction du centre de la ville», a indiqué à l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Ils ont en outre reçu des renforts en hommes et en véhicules blindés Humvees, arrivés aux abords de Kobané qu’ils assiègent, en provenance de la province de Raqa (nord de la Syrie) sous contrôle de l’EI, a-t-il ajouté.

Intensification des raids

En soirée, les combats avaient baissé d’intensité, a dit Rami Abdel Rahmane, après avoir fait état d’une «intensification des raids de la coalition dans et autour de Kobané» (Aïn al-Arab en arabe), dans la journée. Selon l’armée américaine, six frappes ont visé les positions de l’EI.

Ci-dessous, le reportage d’Euronews:

Les forces des YPG (Unités de protection du peuple kurde) avaient réussi, à la faveur des frappes, à repousser dans un premier temps les djihadistes entrés lundi à Kobané, selon un responsable local.

Mais ces raids n’ont pas empêché l’EI de lancer une nouvelle offensive dans l’est pour «reprendre les zones qu’il a perdues», a indiqué l’OSDH, en faisant état d’un attentat suicide au camion piégé commis par l’EI dans l’est de la ville.

Pas de QG visibles et identifiables

Selon le général Martin Dempsey, plus haut gradé américain, pour tenter d’éviter les frappes, les djihadistes «deviennent plus adroits dans l’utilisation des appareils électroniques», «ne plantent plus de drapeaux, ne se déplacent plus dans de longs convois et n’établissent pas de QG visibles et identifiables».

Les militants kurdes ont eux aussi estimé que les frappes n’étaient pas suffisantes pour aider leurs forces à repousser les djihadistes .

Ils ont en outre dit craindre des représailles des djihadistes responsables de terribles exactions -viols, exécutions et persécutions- dans les vastes régions sous leur contrôle en Syrie et en Irak.

Des centaines de civils encore dans la ville

Mustafa Ebdi, militant et journaliste de Kobané, qui a fait état de «plein de cadavres» djihadistes jonchant les rues d’un quartier, a affirmé que des centaines de civils, manquant d’eau et de nourriture, étaient encore dans la ville.

Pour le général Dempsey «il ne fait aucun doute» que les djihadistes vont se livrer «à d’horribles atrocités s’ils en ont l’occasion».

L’enjeu: une bande ininterrompue à la frontière turque

S’ils réussissaient à conquérir Kobané, les combattants de l’EI s’assureraient le contrôle sans discontinuité d’une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.

Depuis le début de l’offensive djihadiste, pour prendre Kobané le 16 septembre, plus de 400 personnes en majorité des combattants ont péri dans les combats selon l’OSDH, alors que quelque 300.000 habitants de la région ont pris la fuite, dont plus de 200.000 en Turquie.

Une opération militaire terrestre contre l’EI?

Après le soutien de la France à l’idée turque d’une création d’une «zone tampon» entre la Syrie et la Turquie pour accueillir et protéger les personnes déplacées par le conflit, la Maison Blanche a affirmé que la création d’une telle zone n’était «pas à l’étude pour le moment».

Après une visite en Jordanie, le coordonnateur de la coalition internationale, le général américain à la retraite John Allen, et son adjoint Brett McGurk doivent se rendre jeudi et vendredi en Turquie.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a plaidé pour une opération militaire terrestre contre l’EI, mais le scepticisme demeure sur la possibilité de voir des troupes turques franchir la frontière alors que les Etats-Unis ont exclu des troupes au sol.

Un couvre-feu militaire au sud-est de la Turquie

Pour la première fois depuis 1992, les autorités turques ont imposé un couvre-feu militaire dans une partie du sud-est du pays, au lendemain d’émeutes prokurdes déclenchées par l’inaction des autorités, qui ont fait 21 morts.

La bataille de Kobané s’est aussi transportée en Allemagne, où des violences entre membres des communautés kurde et yazidie à des militants islamistes ont fait au moins 23 blessés.
(afp/Newsnet)