
L’Union européenne se dit prête à une arrivée d’Ebola.
Compte tenu du niveau des normes sanitaires et médicales en Europe, «la situation ne peut pas être comparée à ce qui se passe en Afrique. Une épidémie d’Ebola en Europe est hautement improbable», a assuré mercredi le porte-parole santé de la Commission européenne, Frédéric Vincent.
Quand les mesures de sécurité sont appliquées, le risque est contrôlé, a-t-il insisté, rappelant que jusqu’au couac espagnol, l’UE ne comptait que huit cas d’Ebola, tous concernant des soignants rapatriés d’Afrique.
Problème: même si les Espagnols n’ont pas encore identifié la faille ayant permis la première contamination sur le sol européen à partir d’un de ces malades rapatriés, il y a bien eu hiatus, ce qui doit «faire retentir une sonnette d’alarme» selon un diplomate européen.
Renforcer l’information aux voyageurs
L’exécutif européen en a déjà tiré une première leçon, en décidant dès mercredi de renforcer l’information aux voyageurs et personnel médical. Objectif: détecter le plus vite possible toute entrée accidentelle de malades.
D’autre part, les responsables européens n’excluent pas qu’il faille réviser les procédures de prise en charge hospitalière et les critères permettant de définir les cas d’Ebola, élaborés cet été.
«Nous sommes censés avoir des règles, du matériel, des techniques d’habillage et de déshabillage, mais on se rend compte que ce n’est pas efficace à 100%, car peu de maladies nécessitent de telles précautions pour éviter la contagion, et les réflexes ne sont pas acquis», souligne un expert.
L’affaire du chien de l’aide-soignante espagnole, euthanasié, au grand dam des défenseurs de la cause animale, est loin d’être anecdotique. Depuis des mois, l’UE coordonne sa parade, établissant les règles à suivre et les moyens à dégager, identifiant les hôpitaux et les personnels aptes à être mobilisés. «Mais à ma connaissance, personne jusque-là ne s’était posé la question que faire avec les animaux domestiques», dit-il.
«Les mailles du filet restent trop lâches»
«La majorité des grands pays se sont dotés des dispositifs requis, mais les mailles du filet restent trop lâches pour exclure les erreurs en chaîne», estime le professeur Nathan Clumeck, spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital bruxellois de référence.
Surtout dans les pays les plus frappés par l’austérité, comme la Grèce ou l’Espagne, où personnels et moyens manquent, estime-t-il, en écho aux cris d’alarme poussés par les syndicats espagnols.
Selon le site d’informations européennes Europolitique, qui évoque un document interne de l’UE, le Portugal figurerait pourtant parmi les pays les mieux équipés dans l’immédiat, avec 37 lits en unités d’isolement et des avions-ambulances, au côté du Danemark (42 lits), de l’Italie et de la France (21 et 20 lits).
Dans l’immédiat, la région de Bruxelles n’affiche que deux lits. «Mais si besoin est, ces moyens pourront être élargis», note Nathan Clumeck. C’est suffisant pour faire face «si les règles de sécurité sont respectées à la lettre», tranche-t-il. «Car s’il est certain que des malades vont arriver en Europe, il n’y aura pas de propagation, nos capacités de diagnostic, d’isolement, de suivi des malades étant assez fortes» pour casser la chaîne, affirme-t-il.
Pour la Commission, il n’est donc pas question de revenir sur l’engagement pris d’intensifier les rapatriements de personnel soignant contaminé en Afrique. La France, notamment, fait pression en ce sens, pour garantir des renforts internationaux aux pays africains touchés, face au Royaume-Uni plutôt partisan d’exporter les structures médicales nécessaires en Afrique.
(afp/Newsnet)