
Le tout nouveau prix Nobel de l’Economie Jean Tirole a appelé lundi 13 octobre à réformer le marché français de l’emploi «assez catastrophique». L’économie hexagonale n’est toutefois pas «un cas désespéré», selon lui.
«Le marché de l’emploi français est assez catastrophique», a déclaré Jean Tirole lors d’une conférence de presse à Toulouse, tenue à la hâte après avoir été choisi pour ce prix, à la Fondation Jean-Jacques Laffont-Toulouse School of Economics (TSE), centre de recherche qu’il dirige. «Je pense qu’il va falloir changer les choses si l’on veut donner un avenir à nos enfants», a-t-il ajouté.
«Les entreprises ont trop peur des CDI»
«Depuis 30 ans, 40 ans, il y a du chômage et les jeunes, on leur propose des CDD dans leur très grande majorité parce que les entreprises ont trop peur de donner des CDI. Donc on a une situation complètement absurde qui est qu’à force de trop protéger les salariés, on ne les protège plus du tout», a-t-il poursuivi dans l’amphithéâtre de l’Ecole d’économie de Toulouse, adossée au centre de recherches TSE de M. Tirole.
«Ce n’est pas un hasard que toute l’Europe du Sud, qui a exactement les mêmes institutions du marché du travail, s’est retrouvée avec beaucoup de chômage alors que l’Europe du Nord, la Scandinavie par exemple, qui a un système différent, se retrouve avec assez peu de chômage», a-t-il relevé dans une salle bondée de journalistes et caméramen.
En finir avec la distinction CDI/CDD
En 2003, l’économiste avait proposé une série de réformes en profondeur du marché de l’emploi en France, estimant notamment qu’il fallait créer un «contrat de travail unique» abolissant la distinction CDI/CDD. «Nos propositions de réformes n’ont pas été adoptées», a-t-il regretté, disant cependant «ne pas penser pas que l’économie française soit un cas désespéré». «La question n’est pas l’austérité, mais ce sont les réformes», a-t-il asséné.
L’économiste a de plus souligné la nécessité de mettre en œuvre le projet d’union bancaire européenne. «Mon avis, c’est que la création d’une union bancaire est quelque chose de tout à fait important», a-t-il dit.
Le troisième Français à recevoir le prix
«Il faut que cela se passe au niveau européen et il ne faut pas que les gouvernements puissent intervenir dans la réglementation prudentielle, car les gouvernements ont leurs propres objectifs qui peuvent après entraîner des difficultés très importantes pour les banques. Donc (il faut) avoir une union bancaire mais il faut qu’elle soit indépendante et qu’elle puisse intervenir», a cependant averti Jean Tirole.
Jean Tirole est le troisième Français à recevoir le prix Nobel d’économie. Il a été couronné pour ses recherches variées sur la finance, l’entreprise et les marchés. Il est président de la Fondation Jean-Jacques Laffont-Toulouse School of Economics (TSE), qui regroupe plus de 150 chercheurs de stature internationale et se revendique comme «un des dix meilleurs centres de recherche en économie dans le monde».(ats/Newsnet)