SYRIE: Johan Cosar se battra jusqu’au bout pour sa communauté

Johan Cosar n’est plus un inconnu. Ce Suisse d’origine syriaque est retourné dans la région de ses parents dans le nord-est de la Syrie. Pour y combattre le groupe Etat islamique (EI) qui menace d’exterminer sa communauté.

Sous le nom de guerre d’Omit, ce Suisse de 32 ans né à Saint-Gall et vivant au Tessin, commande un groupe de combattants et leur fait bénéficier de la formation militaire qu’il a reçue comme sous-officier en Suisse.

«La journée, c’est normalement tranquille et notre travail commence vers huit heures du soir»,comme il l’a expliqué au Tages-Anzeiger dans son édition du 17 octobre.

Une contribution bienvenue

Il a rejoint les Syriaques voici deux ans. Il était venu pour un reportage et il est resté pour combattre, bien que ce n’était pas son intention première. Mais il a vu la détresse des gens et ce qu’il pouvait apporter. L’ancien sous-officier a contribué à organiser la milice d’auto-défense Sutoro, qui compte un millier de combattants chargés de protéger les territoires chrétiens du nord-est de la Syrie.

Il a ensuite occupé différents postes au sein du Conseil militaire syriaque (Syriac Military Council ou SMC). Johan Cosar, aussi membre du commandement central, est actuellement l’équivalent d’un commandant de bataillon. Et il continue de former et d’entraîner ses troupes. «Vous avez vu l’organisation des checkpoints par ici? C’est catastrophique.»

Collaboration avec les Kurdes

De sa position à une dizaine de kilomètres de la ville de Qamishli, il guette les mouvements des djihadistes. Johan Cosar voit son combat comme une défense des valeurs humanitaires et démocratiques. «Le SMC a été créé pour défendre l’identité syriaque en Syrie. Nous ne sommes pas une quelconque minorité, mais un peuple et nos racines sont ici.»

Et si les partis politiques sont importants, il ajoute qu’il faut aussi des forces sur le terrain pour être pris au sérieux. Son groupe collabore étroitement avec les Peshmergas kurdes mais il ne combat pas le reste des troupes gouvernementales, dont la plupart sont parties à l’été 2012. Ces dernières cohabitent harmonieusement avec les Kurdes à Qamishli.

Pour un armement moderne

Le SMC n’est pas un acteur majeur dans la guerre civile qui ravage la Syrie et selon Johan Cosar, le mouvement a moins besoin de troupes que d’armement moderne capable de faire la différence. Les Syriaques n’ont eu pour le moment aucune perte à déplorer, ce que Johan Cosar attribue à l’entraînement qu’il prodigue. «Merci à la Suisse!», ajoute-t-il en riant.

Il tient aussi à démentir les rumeurs selon lesquelles il voudrait continuer son combat en Suisse. «Foutaises! Que ceux qui le disent viennent ici et voient ce que nous faisons. Nous n’aimons ni la guerre ni les armes.» Et de rappeler qu’il a appris en Suisse à se battre uniquement pour défendre.

La Suisse lui manque

Mais sur le terrain, ce n’est pas toujours aussi simple. Depuis le début septembre, son groupe participe à une offensive avec des Kurdes contre la ville voisine de Tal Hamis, considérée dans la région comme un bastion de l’Etat islamique.

Johan Cosar sait qu’il encourt la prison à son retour en Suisse au regard du droit militaire. Mais il se montre confiant. «Je n’ai rien entrepris contre la Suisse et je suis convaincu que les autorités se montreront compréhensives.»

Un retour n’est donc pas à l’ordre du jour pour le moment, bien que la Suisse lui manque. Il se rappelle ses virées nocturnes au Club Spidergalaxy à Zurich. «C’était le bon temps!»

(Newsnet)