
En ce jour de béatification de Paul VI, qui a mené à son terme le concile Vatican II dans les années 1960, François a rappelé ces paroles du nouveau bienheureux: «En observant attentivement les signes des temps, nous nous efforçons d’adapter les orientations et les méthodes (…) aux besoins croissants de notre époque et à l’évolution de la société».
Le sermon du pape, devant 70’000 personnes rassemblées place Saint-Pierre, a été en grande partie consacré au synode. Dieu «n’a pas peur de la nouveauté», a lancé le souverain pontife, ajoutant que l’Eglise devait «répondre, avec courage, aux innombrables nouveaux défis».
Benoît XVI refuse de critiquer François
Samedi, devant les quelque 200 évêques réunis depuis près de deux semaines en synode, le Saint-Père avait mis en garde à la fois contre la «rigidité» de certains conservateurs et contre «la bonne volonté destructrice» de ceux qui cherchent le changement à tout prix.
Dimanche, il a estimé que ce synode extraordinaire «fut une grande expérience (…) nous avons senti la force de l’Esprit Saint qui guide et renouvelle toujours l’Eglise appelée, sans délai, à prendre soin des blessures qui saignent et à rallumer l’espérance pour beaucoup de gens sans espérance.»
Le pape émérite Benoît XVI assistait à la messe de béatification de Paul VI. C’était sa quatrième apparition publique pour un événement solennel depuis sa démission en février 2013. Selon le quotidien «La Repubblica», il a catégoriquement refusé de répondre aux appels des conservateurs qui cherchaient son soutien contre les ouvertures du pape François.
«Rééquilibrage» opéré
Les pères synodaux ont voté samedi soir sur un rapport final («relatio synodi»), présenté comme un document de travail, dont les termes sont plus réservés envers les homosexuels que ceux du projet controversé qui avait été présenté lundi.
Après la publication de ce rapport d’étape en début de semaine, les évêques conservateurs s’étaient engagés à en modifier la formulation qui ne pouvait selon eux que semer la confusion dans les esprits, risquait d’affaiblir la famille et ne reflétait pas la réalité des travaux du synode.
Un «rééquilibrage» a donc été opéré pour répondre à leurs inquiétudes et biffer les formules qui avaient suscité leur désapprobation.
Divorcés remariés et homosexuels
Les évêques ont voté sur les 62 paragraphes de cette «relatio». Chacun de ces paragraphes, pour être approuvé, devait obtenir les deux tiers des voix.
Les trois paragraphes qui n’ont pas obtenu cette majorité sont ceux qui portent sur l’accès aux sacrements des divorcés remariés et sur l’accueil des homosexuels. Mais cela ne veut pas dire que leur contenu soit totalement rejeté et évacué du débat, a insisté le Vatican.
Dans le premier document, la reconnaissance d’«aspects positifs» dans les unions stables hors mariage et chez les homosexuels, avait suscité une avalanche de réactions inquiètes de prélats, des Etats-Unis à l’Afrique. Tous dénonçaient le fait que ces thèmes aient été mis en avant alors qu’ils avaient été peu abordés.
Idées à «faire mûrir»
Ce document va être soumis à la réflexion des catholiques à travers le monde avant un autre synode, définitif, consacré à la famille en octobre 2015, à l’issue duquel le pape annoncera ses décisions.
Avant la clôture des travaux, François a pris la parole. Il s’est déclaré confiant que l’année à venir permettrait de «faire mûrir, avec un vrai discernement spirituel, les idées proposées et trouver des solutions concrètes à tant de difficultés et innombrables défis».
Les associations homosexuelles ont fait part de leur déception. Francis DeBernardo, directeur de l’association d’homosexuels catholiques américains «New Ways Ministry», a regretté la «vision étroite» des évêques dans le document présenté samedi. Le blog catholique conservateur Rorate Caeli, pour sa part, a salué «un revers considérable pour les révolutionnaires».
(ats/Newsnet)