FRANCE: Une nouvelle école incendiée près de Paris

 

Une voiture bélier en flammes a été projetée dans la nuit de dimanche à lundi contre un groupe scolaire de Corbeil-Essonnes, provoquant un incendie, deux semaines après deux sinistres similaires dans un autre quartier de cette ville de l’Essonne.

Le véhicule incendié, une voiture blanche rentrée par le portail fracturé de l’école, qui comprend une école maternelle et une école primaire, a été entièrement calciné. Retiré à 11 heures, il avait été garé en marche arrière sous le préau. Une partie du plafond de l’école primaire, dont la façade a été noircie par les flammes, s’était effondrée sur lui. L’école maternelle et le centre de loisir sont intacts.

Inoccupée

Une caméra de surveillance, située près du portail, pourrait avoir tout enregistré. Selon une source policière, personne n’a été blessé: l’école, qui accueille 140 élèves, était inoccupée en pleine nuit et les vacances scolaires de la Toussaint viennent de commencer.

Une quinzaine de pompiers sont intervenus entre 5h00 et 6h40. Selon eux, «les dégâts sont principalement dus à la propagation des fumées dans l’école», qui se trouve dans un quartier réputé assez calme.

«Deux individus ont été aperçus, qui ont pris la fuite à moto» après les faits, a expliqué une deuxième source policière. Le véhicule incendié avait été signalé volé à Villabé (Essonne), a ajouté cette source. L’enquête a été confiée à la police judiciaire de Versailles.

Des habitants choqués

Devant l’école, Emilie Fournier, l’une des enseignantes, s’est désolée de «ce désastre». «C’est une affaire de grands qui se règle dans la cour de récréation», a-t-elle estimé. Ouahida Senhadji, mère d’un enfant de 7 ans, en avait les larmes aux yeux: «On est choqué, c’est un acte calculé, ciblé.»

Le maire UMP de Corbeil-Essonnes, Jean-Pierre Bechter, a dénoncé dans un communiqué un «acte répugnant». «Quand on touche à une école de la République, c’est un acte terroriste», a déclaré son premier adjoint, Jean-Michel Fritz. «On avait fait le tour des équipements pour voir ceux qui auraient pu être vulnérables», a-t-il ajouté. «Mais on a un ennemi invisible en face de nous.»

Pour Martine Soavi, de l’association Agir pour les Tarterêts, «c’est un message au maire, aux habitants, à la République. On est inquiet parce qu’il y a une escalade, on veut faire régner la terreur à Corbeil-Essonnes.»

Une série d’incendies

Dans la nuit du 5 au 6 octobre, une médiathèque et une école avaient déjà été incendiées, de la même manière, dans le quartier sensible des Tarterêts, toujours à Corbeil. Situées à 500 mètres l’une de l’autre, elles avaient été attaquées à un quart d’heure d’intervalle par deux voitures béliers enflammées.

Une centaine de personnes avaient manifesté leur «colère» quelques jours plus tard. Des parents et des habitants de ce quartier miné par les trafics et la précarité avaient évoqué la thèse d’une «vengeance» pour expliquer ces incendies.

Selon une source policière, elle fait aussi partie des pistes des enquêteurs, dans une ville où plusieurs enquêtes en lien avec la mairie, dirigée de 1995 à 2009 par l’avionneur Serge Dassault, sont toujours en cours pour racket, menaces ou tentatives d’homicide.

Le maire incriminé?

En avril, le vieux sénateur UMP avait aussi été mis en examen pour «achat de votes». Son successeur à la mairie, Jean-Pierre Bechter, a aussi été mis en examen dans la même affaire.

Des incendies similaires avaient déjà agité la ville par le passé. En 2005, un McDonald’s avait ainsi été détruit par un incendie après avoir été atteint par une voiture bélier. En 2008, un local associatif avait été incendié selon le même procédé.

En 2012, le feu avait été mis à un centre de la protection maternelle et infantile (PMI) et à la médiathèque à une semaine d’intervalle. Trois policiers avaient été légèrement blessés après avoir été pris pour cible aux Tarterêts par au moins vingt personnes qui leur bloquaient la route, «un guet-apens», selon le syndicat policier Alliance.

(afp/Newsnet)