
Le principal parti anti-islamiste de Tunisie, Nidaa Tounès, assuré qu’il ne gouvernerait pas seul après sa victoire aux législatives devant les islamistes d’Ennahda.
Un scrutin jugé «crédible et transparent» par les observateurs de l’UE, faisant figure d’exception dans les pays du Printemps arabe.
Les résultats officiels du vote de dimanche se faisaient toujours attendre ce mardi 28 octobre. L’instance organisant les élections (ISIE) a jusqu’au 30 octobre pour prononcer les résultats définitifs. Mais Nidaa Tounès a déjà fait état de son avance et Ennahda a reconnu sa défaite.
Son président Rached Ghannouchi a appelé lundi le chef de Nidaa Tounès, Béji Caïd Essebsi, pour le féliciter.
Les législatives ont été saluées mardi comme «crédibles et transparentes» par les observateurs de l’Union européenne. «La journée électorale s’est déroulée dans une ambiance sereine et de manière ordonnée», a déclaré à la presse la cheffe de la mission d’observation électorale de l’UE, Annemie Neyts-Uyttebroeck.
La veille, l’équipe d’observateurs du Conseil de l’Europe, menée par le conseiller national (PS/ZH) Andreas Gross a salué un processus électoral d’une «qualité extraordinaire».
Tranchant avec les autres pays du Printemps arabe, qui ont basculé dans le chaos ou la répression, la Tunisie a ainsi organisé son deuxième scrutin libre successif, après l’élection d’octobre 2011 de la Constituante remportée par Ennahda.
Quant aux tractations sur la formation du futur gouvernement, Béji Caïd Essebsi les a jugées prématurées. Ce vétéran de la politique âgé de 87 ans et qui est le favori de la présidentielle du 23 novembre, a néanmoins promis de «gouverner avec les autres».
Le mode de scrutin à la proportionnelle récemment adopté favorise la représentation de petits partis. La formation victorieuse sera contrainte de former une coalition pour avoir une majorité de 109 sièges sur 217. Ennahda a estimé obtenir environ 70 sièges contre 80 à Nidaa Tounès.
«La famille démocratique»
«Nous gouvernerons avec les plus proches de nous, la famille démocratique entre guillemets», a déclaré lundi soir Béji Caïd Essebsi dans un entretien à la chaîne privée Al-Hiwar Al-Tounsi, diffusé lundi soir. Il faisait allusion à d’autres partis séculiers.
Nidaa Tounès («L’appel de la Tunisie» en arabe) est une formation hétéroclite qui regroupe aussi bien des figures de gauche et de centre-droit que des proches du régime de Ben Ali. Ennahda, qui avait dirigé le pays dans le cadre d’une «troïka» avec deux partis séculiers de fin 2011 à début 2014, a devancé l’annonce des résultats officiels en reconnaissant être arrivé deuxième.
Il a même appelé ses partisans à fêter «la démocratie» malgré sa défaite. Des centaines de personnes se sont rassemblées en chantant lundi soir devant son siège à Tunis tandis que des feux d’artifice illuminaient le ciel.
L’enjeu de ces élections est de doter la Tunisie d’institutions pérennes, près de quatre ans après la révolution qui a mis fin à la dictature de Zine El Abidine Ben Ali.
(ats/Newsnet)