
Pour la première fois depuis longtemps, Israël a laissé des dizaines de milliers de musulmans accomplir sans restriction la grande prière du vendredi sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est. L’Etat hébreu entendait ainsi faire baisser la température autour de ce baril de poudre religieux.
Les fidèles, 40’000 hommes et femmes de tous les âges selon la police, ont passé sans encombre les différentes portes de l’esplanade pour répondre à l’appel à la prière et remplir à craquer la mosquée Al-Aqsa pour les hommes, le dôme du Rocher pour les femmes.
Faute de place à l’intérieur, des milliers de croyants ont étendu leur tapis de prière à même le sol de l’esplanade, avant de repartir sans incident à l’issue de la prière.
Cela «fait quatre mois que je n’ai pas pu prier le vendredi à Al-Aqsa, même pendant le mois sacré de ramadan», relatait Amir, 18 ans. «A chaque fois, il y avait un policier druze, un Arabe comme moi, pour m’interdire d’aller prier».
Police déployée en force
Les policiers israéliens restaient déployés en force auprès des portes et dans la Vieille ville que surplombe l’esplanade. Mais ils se contentaient de contrôles sporadiques auprès d’hommes plutôt jeunes, semble-t-il pour s’assurer qu’ils satisfaisaient au critère d’être en situation régulière à Jérusalem.
Il n’était pas question, comme les semaines précédentes, d’interdire l’accès aux hommes les plus jeunes (aux moins de 35 ans par exemple la semaine passée) pour limiter les risques d’affrontements, dans un contexte très tendu dans la partie palestinienne de la Ville sainte annexée et occupée par Israël.
Accord conclu jeudi
La levée de toute limitation d’âge semble bien être la première des mesures concrètes dont John Kerry a obtenu la garantie jeudi lors d’entretiens en Jordanie avec les dirigeants israélien, palestinien et jordanien. Le secrétaire d’Etat américain avait fait ce voyage au pied levé pour tenter de faire retomber les tensions qui dégénèrent depuis plusieurs semaines en violents affrontements à Jérusalem-Est.
Lors de ses entretiens avec le président Mahmoud Abbas puis avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le roi Abdallah II, dont le pays assure la gestion de l’esplanade, John Kerry a dit avoir reçu des «engagements fermes».
M. Netanyahu a «fermement réaffirmé son engagement à maintenir le statu quo» qui régit l’esplanade et autorise les juifs à s’y rendre sans toutefois leur accorder le droit d’y prier, a rapporté Kerry. Mahmoud Abbas a, lui, dit qu’il «réduirait la rhétorique» susceptible d’échauffer les esprits.
Affrontements nocturnes
L’esplanade est le troisième lieu saint de l’islam, mais aussi le lieu le plus sacré pour les juifs. Vendredi, l’imam y a prêché contre «les agressions israéliennes», accusant l’Etat hébreu de chercher «une escalade qui pourrait mener à l’explosion».
Les extrémistes juifs ont récemment multiplié les visites sur le site, déclenchant de violents affrontements et entraînant, fait rarissime, une fermeture d’une journée de l’esplanade.
La situation reste très tendue dans la Ville sainte, après des affrontements nocturnes à Essaouiya. Israël a fermé trois des quatre routes menant à ce quartier situé en face du Mont Scopus, enclave israélienne dans Jérusalem-Est, et les habitants dénoncent un état de «siège». Jeudi, un enfant y a été grièvement blessé par une balle en caoutchouc tirée par la police.
Dans un tel contexte, la destruction annoncée comme imminente des maisons d’auteurs des récents attentats anti-israéliens risque d’envenimer encore l’atmosphère.
(ats/Newsnet)