ALLEMAGNE: Les Verts demandent pardon aux victimes d’actes pédophiles

Le sexe avec des enfants, c’est indéfendable. Comment les Verts allemands ont-ils pu, dans les années 80, militer pour la dépénalisation de la pédophilie? La polémique a frappé de plein fouet les écologistes pendant la campagne électorale de 2013: leur tête de liste, Jürgen Trittin, a été rattrapée quelques jours avant le scrutin par les thèses tendancieuses tenues par son parti autrefois.

En 1981, à Göttingen, Jürgen Trittin avait lui-même été le porte-parole d’un candidat favorable à la libéralisation des relations sexuelles entre adultes et enfants. Daniel Cohn-Bendit, quant à lui, est toujours attaqué pour les positions qu’il défendait en 1975 dans son livre Le grand bazar relatant son expérience d’éducateur dans un jardin d’enfants. En 1982, il affirmait à la télévision française qu’il était très érotique d’être déshabillé par une fille de 5 ans.

Pour stopper cette polémique dangereuse pour le parti, les Grünen ont confié au politologue Franz Walter un travail de recherche faisant la lumière sur la position des Verts sur cette question dans les années 80. «Nous aurions dû faire ce travail beaucoup plus tôt», a reconnu Simone Peter, la présidente des écologistes.

Dans l’air du temps

Intitulé «Les Grünen et la pédosexualité», le rapport présenté jeudi confirme que les écologistes n’ont pas seulement toléré les pédophiles mais aussi «idéologisé leurs revendications dans des programmes électoraux», dit Franz Walter. Sans dédouaner les écologistes, le politologue rappelle le contexte de l’époque postsoixante-huitarde. Il évoque une audition parlementaire en 1970 d’une trentaine de sociologues et de pédagogues qui assurent que les enfants ne subissent aucun traumatisme lors de rapports sexuels avec des adultes s’il y a consentement mutuel (sic). «Aucun groupe politique n’a contredit cette affirmation, pas même les conservateurs», note Walter.

Dans les années 80, le Parti écologiste naissant attirait de nombreux mouvements minoritaires. «Les Verts étaient l’unique espoir des pédophiles de s’exprimer au niveau fédéral», explique Kurt Hartmann, ancien membre du groupe rassemblant homosexuels, pédérastes et transsexuels. «Le contexte de l’époque ne doit pas être une excuse», insiste Franz Walter. «Il existait aussi un consensus sur le nucléaire. Les écologistes ont pourtant voté contre!» remarque-t-il.

Jugement attendu lundi

Malgré ce rapport de 300 pages, le sujet n’est pas clos. Et cela, même si la présidente Simone Peter a réitéré ses excuses auprès des victimes: «Je regrette profondément que les pédophiles aient pu se référer aux écologistes pour légitimer leurs actes.» Lundi, on attend à Giessen le jugement d’un attaché parlementaire écologiste accusé d’une centaine d’abus sexuels sur des enfants. L’affaire fera les gros titres dans les médias.

(TDG)