
Le Congrès a repris ses vieilles habitudes. Une semaine après la large victoire des républicains lors des élections législatives de mi-mandat, les parlementaires se disputent à nouveau. Au cœur du bras de fer: le très controversé projet de pipeline Keystone XL qui traverserait les Etats-Unis du nord au sud.
Vendredi, la Chambre des Représentants à majorité républicaine a accepté un projet de loi qui autoriserait la construction de ce pipeline reliant des puits pétroliers canadiens aux raffineries américaines dans le Golf du Mexique. Jusqu’ici, la Maison-Blanche s’est opposée à ce pipeline qui menace l’environnement dans les Etats qu’il traverserait, dont le Nebraska.
La cause de la reprise des hostilités est à chercher du côté de la Louisiane. Cet Etat qui tire 14% de ses revenus du pétrole et soutient la construction du pipeline, organise un second tour le 6 décembre pour le siège remis en jeu par la démocrate Mary Landrieu. Le projet de loi voté vendredi à la Chambre des Représentants porte le nom de Bill Cassidy, le candidat républicain au Sénat en Louisiane. La version sur laquelle doit se prononcer le Sénat demain a été écrite par Mary Landrieu.
Pour pouvoir passer la rampe, le texte doit réunir 60 voix sur les 100 possibles. Une majorité difficile à obtenir, mais pas impossible. En cas de victoire, Barack Obama devrait alors décider s’il signe le texte de loi ou s’il y met son veto. Lors de sa visite en Asie la semaine dernière, le président américain a prévenu qu’il ne «céderait pas». «Comprenez bien ce que ce projet: il donne au Canada la possibilité de pomper du pétrole, de lui faire traverser notre pays jusque dans le golfe du Mexique et ensuite de le vendre partout ailleurs», a-t-il déclaré. «Cela n’aura aucun impact sur le prix de l’essence aux Etats-Unis».
Cette bataille sur le pipeline Keystone ne semble être que le prélude du bras de fer entre les républicains et la Maison-Blanche sur la question de la protection de l’environnement. Alors que Barack Obama vient d’annoncer un accord majeur avec la Chine pour lutter contre le réchauffement climatique, les conservateurs ont l’intention d’utiliser leur majorité au Sénat en 2015 pour assouplir les réglementations sur les émissions de gaz à effet de serre.
Depuis l’élection d’Obama en 2008, les républicains n’avaient cessé de citer l’inaction de la Chine en matière de lutte contre le réchauffement pour justifier leur décision de ne pas soutenir la Maison-Blanche dans ce dossier. La semaine dernière, John Boehner, le président républicain de la Chambre des Représentants, et Mitch McConnell, le leader de la future majorité républicaine au Sénat, ont critiqué un accord qui selon eux, serait néfaste pour l’emploi.
James Inhofe, qui prendra en janvier la présidence du comité sur l’Environnement au Sénat, a dénoncé une «mascarade» et a promis de lutter contre les réglementations de l’administration Obama en matière d’émissions de CO2. En 2006, il avait affirmé que les Nations Unies avaient inventé le concept de réchauffement climatique pour nuire aux Etats-Unis.
(TDG)