ETAT ISLAMIQUE: «Une intervention au sol serait une boucherie inimaginable»

Consultant international, Samuel Laurent connaît de l’intérieur la nébuleuse du terrorisme islamiste. Ces deux précédents ouvrages, Sahelistan (2013) et Al-Qaïda en France (2014) parus au Seuil sont des ouvrages de référence. Par ses contacts au sein d’Al-Qaida (le concurrent de l’Etat islamique), Samuel Laurent a pu rencontrer de nombreux protagonistes dans les zones de conflit et notamment d’anciens membres de l’Etat islamique désormais passés du côté d’Al-Qaïda.

Sous forme d’une enquête témoignage très documentée, son livre L’Etat islamique, qui vient de paraître, explique le fonctionnement de ce véritable état de la terreur implanté entre la Syrie et l’Irak et qui séduit de nombreux Occidentaux. Le visage qu’il donne à cet ennemi déclaré de l’Occident est terrifiant.

On commence à l’évoquer dans certains états-majors, mais selon vous, une intervention au sol de la coalition contre l’EI serait une erreur?

Cela fait très longtemps que des armées occidentales n’ont pas été face à une véritable armée. En Afghanistan, les Talibans sont de fantastiques guérilleros qui peuvent mener des actions coordonnées. En Libye, le tout aérien a suffi. L’armée de Kaddafhi s’est disloquée rapidement. La guerre contre Saddam Hussein, ce n’était pas grand-chose. Ses troupes ont déserté massivement. C’était des guerres, entre guillemets, faciles. L’Etat islamique dispose d’une vraie armée. On parle de 50 000 hommes avec des armes lourdes. Si on allait les combattre au sol ce serait une boucherie inimaginable. Car ses troupes sont extrêmement motivées, prêtes à tout!

Vous insistez sur le fait que l’Occident et notamment la France sont en guerre contre un Etat structuré et non pas des groupuscules terroristes…

Oui, c’est très important. Car l’Etat islamique s’appuie sur une bureaucratie super-efficace. Elle contrôle son territoire à tous les niveaux: il y a une administration, une armée, une justice, des services de renseignements très puissants et très agressifs. Elle tient le terrain en maintenant un climat de peur contrebalancé par un vrai confort.

Confort? L’Etat islamique serait un état providence?

Ce n’est pas le XVIe arrondissement de Paris, mais les gens qui partent là-bas ont une maison, un toit, de l’argent pour se nourrir et se vêtir. Il n’y a pas de pénurie. On vit plutôt de façon confortable si on reste dans le rang. Toute la structure de l’Etat islamique repose sur ce mélange de séduction pour faire venir les gens et la récompense pour leur soumission. Car on l’oublie trop souvent il y a aussi des non-combattants et des familles entières qui émigrent vers ce Califat.

Interview complète à lire dès demain.

(Newsnet)