
«Vous pouvez sortir de l’ombre». Jeudi soir, Barack Obama a offert à quelques 5 millions de clandestins la possibilité de régulariser leur rêve américain. Dans un discours diffusé sur la plupart des chaînes de télévision américaines, le président des Etats-Unis a présenté à ses concitoyens sa réforme de l’immigration qu’il entend faire passer par décret.
Il a offert aux sans-papiers qui n’ont pas de casier judiciaire et qui sont prêts à payer des impôts la possibilité d’obtenir un permis de travail. Parmi les autres conditions énoncées par Barack Obama, les immigrés illégaux doivent avoir vécu aux Etats-Unis depuis plus de 5 ans et doivent avoir des enfants. Il a précisé que son offre ne garantissait pas aux clandestins le droit de rester indéfiniment aux Etats-Unis: «Tout ce que nous disons est que nous ne vous renverrons pas».
Le président américain a par ailleurs assuré que les contrôles aux frontières seraient renforcés comme le réclament les élus républicains. «Si vous planifiez de pénétrer dans ce pays de manière illégale, vos chances de vous faire attraper et renvoyer ont augmenté», a martelé Barack Obama tout en promettant aux criminels qu’ils seraient aussi expulsés.
Confrontation avec des élus républicains
En annonçant son projet de réforme de l’immigration, Barack Obama s’est clairement engagé sur la voie de la confrontation avec des élus républicains qui lui demandaient de ne pas bouger dans ce dossier.
Le président a d’ailleurs mis les conservateurs au défi d’agir lorsqu’ils contrôleront le Congrès en janvier 2015. «Je n’ai qu’une chose à répondre aux membres du Congrès qui remettent en question mon autorité pour faire en sorte que notre système d’immigration fonctionne mieux: Votez une loi», a-t-il lancé. «Je veux travailler avec les deux partis pour trouver une solution législative permanente».
En juin 2013, le Sénat avait accepté par 68 voix contre 32 un projet de loi négocié et écrit par 4 Sénateurs démocrates et 4 Sénateurs républicains. A cette occasion, 14 parlementaires conservateurs avaient voté en faveur du texte aux côtés des démocrates. La Chambre des Représentants à majorité républicaine l’avait néanmoins gelé.
L’«empereur» Obama pointé du doigt
Pendant toute la journée précédant le discours, l’opposition conservatrice à Barack Obama n’a cessé de critiquer son intention de réformer l’immigration par décret. Dans un discours prononcé jeudi matin à Washington, Mitch McConnell, le futur président républicain du Sénat, a sévèrement mis en garde la Maison-Blanche: «Si le président Obama agit au mépris du peuple et impose sa volonté au pays, le Congrès agira», a-t-il martelé.
«Nous prenons en compte plusieurs options. Mais ne vous méprenez pas. Quand les nouveaux parlementaires prendront leurs fonctions, ils agiront». Quant à John Boehner, le président républicain de la Chambre des Représentants, il a accusé Barack Obama d’agir comme un «empereur».
Les républicains doivent néanmoins gérer leurs divisions dans ce dossier. La révolte du Tea Party gronde. Et certains élus du mouvement d’ultra droite aimeraient bloquer le vote du prochain budget de financement du gouvernement américain prévu le mois prochain, pour tenter de forcer la Maison-Blanche à faire marche arrière. Cette posture pourrait conduire à un nouveau shutdown du gouvernement américain après celui de 2013.
Le bonheur des autres
L’annonce de Barack Obama a en revanche réjoui de nombreux démocrates dont Hillary Clinton, la favorite du parti pour la présidentielle de 2016. L’ancienne Secrétaire d’Etat américaine a salué la décision du président sur Twitter et a appelé républicains et démocrates au Congrès à se mettre d’accord sur une réforme.
De nombreux militants qui réclament une réforme de l’immigration depuis des années ont aussi applaudi le président. A Los Angeles, Estella M., une immigrée arrivée illégalement du Guatemala en 2007, a suivi le discours de Barack Obama. «Je suis très heureuse», a-t-elle réagi. «Je crois que mon mari et moi remplissons toutes les conditions émises par le président. Nous allons appeler un avocat dès demain (ndlr: vendredi) pour voir si nous pouvons avoir des papiers.»
(Newsnet)