L’OBS – «Pendant des semaines, on a cru que le pays allait s’effondrer, notre démocratie est à un niveau tel que le débat ne doit plus porter sur les libertés publiques, mais plutôt sur le contexte économique. Le plus important aujourd’hui est qu’on a une grande démocratie, la plus vieille du continent. Les gens l’ont intériorisée, les Sénégalais l’ont socialisée. Il ne faut plus qu’on nous enferme dans des discours du type «nous allons marcher au prix de notre vie», «nous allons marcher si la terre ne tremble pas» et que l’Etat dise «il faut que force reste à la loi». Ce face-à-face guerrier entre le pouvoir et l’opposition doit être dépassé complètement. Ce qui s’est passé aujourd’hui le prouve aisément.
ELECTIONS ANTICIPEES EN 2015
«Le mandat de Macky Sall s’achève en 2017, on ne peut pas faire une élection anticipée en 2015»
«Après les émeutes de 1988 jusqu’en 1993, Wade appelait à l’instauration d’un gouvernement de transition. Comme chef de l’opposition sous Abdou Diouf, Abdoulaye Wade a toujours prôné un gouvernement d’union nationale ou de transition à chaque crise. Il est dans son rôle, mais un président de la République a été élu pour un mandat à durée déterminée qui s’achève en 2017. On ne peut pas faire une élection anticipée en 2015, ce ne sont que des déclarations politiques. La liberté d’expression lui permet de dire : «C’est moi qui retient les jeunes, sinon on peut prendre le Palais.» Les institutions fonctionnent normalement, il n’y a pas de crise. Tout ce qui s’est passé aujourd’hui est banalement ordinaire et montre que le Sénégal a dépassé la phase de l’infantilisme démocratique.»
IBOU SANE, POLITOLOGUE
«Aucune situation extraordinaire ne milite en faveur d’une élection anticipée»
«La perspective d’une Présidentielle anticipée au Sénégal n’est pas envisageable. Pour l’heure, aucune situation extraordinaire ne milite en faveur d’une telle hypothèse. Le Sénégal est un pays pauvre qui ne peut se permettre d’organiser des élections à la pelle. Le temps de Wade est fini, il faut qu’il laisse la place aux autres de jouer leur partition dans la construction du pays. Malheureusement, il ne l’a pas compris. Le Sénégal a une vision de développement et l’époque de l’«homme providentiel est révolu». Ce sont toutes les forces vives qui peuvent construire le pays. C’est pourquoi, il faut que la société civile soit forte et qu’elle s’implique davantage. Il y a un temps pour la politique, un temps pour le développement».
IBRAHIMA DIAKHABY