FISCALITÉ: L’ex-premier ministre socialiste portugais touché par une affaire de comptes suisses

José Sócrates disposerait de 20 millions d’euros sur un compte en Suisse, probablement au sein de l’établissement bancaire UBS selon le quotidien portugais SOL, qui cite des informateurs proches du dossier. L’ancien premier ministre socialiste aurait profité d’un pardon fiscal exceptionnel qu’il a lui-même décrété alors qu’il gouvernait en 2009.

Les médias portugais rapportent aussi que cet argent placé au nom d’un certain Carlos Santos Silva, a ensuite été transféré sur le compte bancaire de Sócrates à la Banque Espirito Santos. Or c’est ce même Carlos Santos Silva, ami de longue date de Sócrates, qui a été écroué la semaine dernière en même temps que le chauffeur et l’avocat de l’ancien chef du gouvernement. Contactée, la banque UBS déclare «ne pas pouvoir commenter en raison des dispositions légales».

Les millions de Sócrates, sa vie apparemment luxueuse à Paris, où il vit depuis sa démission du gouvernement en 2011, avaient déjà suscité l’intérêt des médias. En 2013, Sócrates avait alors expliqué publiquement qu’il n’avait qu’un seul compte bancaire au Portugal, qu’il avait emprunté à sa banque et que sa mère avait vendu des biens immobiliers. Au passage on apprenait que Sócrates travaillait depuis janvier 2013 pour la société pharmaceutique suisse Octapharma. La filiale portugaise de cette société a fait l’objet de perquisitions le 20 novembre, veille de l’interpellation de José Sócrates. Octapharma a affirmé n’avoir aucun lien avec le dossier en cours et a précisé que Sócrates travaille comme consultant pour l’Amérique latine.

Lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 2005, José Sócrates est apparu comme l’enfant chéri de la politique portugaise. Il apportait un sang neuf et des idées modernes. C’est avec lui que le Parti socialiste a obtenu la première et, à ce jour unique, majorité absolue à l’Assemblée nationale.

Puis ce fut la disgrâce: la majorité des Portugais le rend responsable des malheurs économiques du pays. Son arrogance, ses costumes de marque et ses mauvais rapports avec la presse ont terni son image. Les «affaires» de corruption auxquelles sont nom est mêlé se sont accumulées. Sócrates qui préparait depuis quelque temps son retour sur la scène politique devient un personnage encombrant. Le Parti socialiste, qui vise l’alternance en 2015, va devoir en effet se démarquer du «socratisme» pour ne pas être plombé par les soupçons de corruption. Par ailleurs, des spécialistes en droit et des journalistes s’interrogent sur la procédure retenue dans cette affaire.

On ignore les arguments du Parquet pour justifier les chefs d’inculpation retenus et la mise en détention préventive. L’affaire aurait-elle des liens avec une autre plus grande encore, celle de la Banque Espirito Santo. Ou bien serait-elle destinée à faire oublier l’affaire des visas «dorés» qui a coûté au premier ministre actuel son fidèle ministre de l’Intérieur? Les rumeurs de machination vont bon train tandis que les Portugais demandent que justice soit faite.

(24 heures)