
Nommée ce dimanche 30 novembre secrétaire générale de la francophonie durant le Sommet de Dakar, la Canadienne Michaëlle Jean est la première femme et la première personnalité non africaine à ce poste.
Après une campagne axée sur l’Afrique, les femmes et la jeunesse et sur un rôle économique accru de l’organisation, elle succède au Sénégalais Abdou Diouf. Et ce, à un moment où, selon elle, l’espace francophone vit «un tournant» avec le décollage économique et démographique de l’Afrique subsaharienne.
Dans sa première déclaration après sa désignation, Michaëlle Jean a dit vouloir donner «une nouvelle impulsion à la francophonie».
«Ensemble, traçons le chemin d’une francophonie moderne et tournée vers l’avenir. La francophonie du XXIe siècle sera au service et à l’écoute des jeunes et des femmes. Prospère, elle conjuguera l’accroissement des échanges et le développement humain et durable pour tous», a-t-elle promis.
«Briser les solitudes»
Avec son arrivée à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Michaëlle Jean va quitter son poste d’envoyée spéciale de l’Unesco en Haïti. Cette fonction l’amenait à se rendre dans son île natale plusieurs fois par an pour suivre l’avancée des travaux de reconstruction consécutifs au terrible séisme de janvier 2010.
Avant d’occuper ce poste onusien, elle avait été gouverneure générale du Canada – représentante de la reine Elizabeth, cheffe d’Etat en titre – entre 2005 et 2010, ce qui lui avait valu le surnom de «Petite reine».
Ancienne présentatrice vedette du groupe audiovisuel public Radio-Canada, Michaëlle Jean avait fait inscrire «Briser les solitudes» sur ses armoiries royales qu’encadraient deux sirènes tirées de la mythologie haïtienne.
Renoncer au passeport français
Son mandat à la tête de l’Etat canadien a été marqué par des voyages incessants – une quarantaine de pays visités, dont dix en Afrique – ainsi que par des prises de position fortes en symbole. En 2009, elle avait dégusté du phoque cru afin de soutenir les Inuits après l’embargo européen sur cette viande.
Mère d’une fille de 15 ans adoptée en Haïti, Marie-Eden, et mariée au cinéaste d’origine française Jean-Daniel Lafond, elle a dû renoncer à son passeport français en acceptant ses fonctions royales. Au moment de sa nomination par le Premier ministre Paul Martin, Michaëlle Jean avait dû d’ailleurs réaffirmer son attachement au fédéralisme canadien.
Des extraits d’un documentaire tourné en 1991 portant sur le combat pour l’indépendance, au Québec, en Haïti et en Martinique, avaient en effet refait surface. Elle y déclarait: «L’indépendance, ça ne se donne pas, ça se prend».
Manque d’expérience
Lors de sa campagne pour la direction de l’OIF, elle a dû affronter des critiques sévères provenant notamment de l’ancien Premier ministre québécois indépendantiste Bernard Landry, l’accusant de manquer d’expérience.
«Nous vivons au Canada dans un environnement politique où il y a des forces idéologiques», remarquait-elle, avant de balayer d’un revers de la main ces attaques: «Je viens d’un pays où l’on n’abandonne jamais».
(ats/Newsnet)