
L’incendie de l’entreprise de recyclage Thévenaz-Leduc à Ecublens a bel et bien représenté un risque de santé publique pendant une partie de la journée de jeudi. Le médecin cantonal, Karim Boubaker, l’a annoncé lui-même hier soir aux médias sur le site de l’entreprise, ajoutant que la situation était revenue à la normale. Au même instant, une trentaine de pompiers étaient encore sur les lieux, même si l’incendie est «maîtrisé» (lire ci-dessous). Le feu a ravagé depuis mercredi après-midi un énorme amoncellement de carcasses de voitures prêtes à être broyées.
Des incendies similaires ont eu déjà lieu chez Thévenaz-Leduc, notamment en 2001, en 2007 et l’an dernier. En 2001, les pompiers indiquaient dans 24 heures qu’ils intervenaient pour la cinquième fois sur le site. Le week-end dernier, c’est une armoire électrique qui a pris feu.
C’est principalement le taux de particules fines dégagées dans l’atmosphère par la combustion des voitures qui a inquiété les services cantonaux aujourd’hui. «Nous avons enregistré un taux de particules fines deux fois supérieur aux normes autorisées à midi vers une garderie, à quelques centaines de mètres de l’usine. Mais tout est revenu à la normale durant l’après-midi», souligne Sylvain Rodriguez, directeur de l’Environnement industriel, urbain et rural.
La population en général ne court aucun risque après cet incendie selon Karim Boubaker. «Les fumées peuvent par contre avoir des conséquences telles que des irritations de la gorge et des yeux chez les personnes vulnérables, comme les seniors, les enfants et les personnes souffrant de malades chroniques des voies respiratoires, ajoute-t-il. Il s’agit de rester attentif durant vingt-quatre à quarante-huit heures.»
«Nous sommes fâchés»
Du côté de la pollution de l’environnement, tout est aussi sous contrôle. Une partie des eaux d’extinction a coulé dans la Venoge, sans constituer un risque pour l’écosystème.
Si la nouvelle réjouit les autorités d’Ecublens, le syndic libéral-radical, Pierre Kaelin, ne décolère pas pour autant: «Je suis fâché. Vraiment! Avec un incendie similaire l’an dernier, d’une ampleur moins importante il est vrai, j’ai l’impression que cette entreprise a été débordée. Je ne peux pas laisser passer un tel incident.» La Municipalité discutera de ce cas dès lundi prochain, ajoute Michel Farine, municipal socialiste de la Sécurité publique.
La Municipalité prévoit déjà de prendre contact avec le Canton. L’idée n’est toutefois pas de demander le départ ou l’arrêt des activités de Thévenaz-Leduc. Pour Pierre Kaelin, il s’agit de prendre des mesures pour garantir la sécurité des employés et de la population, en cadrant les activités de l’usine. La société provoque d’ailleurs le ras-le-bol dans la population, un certain nombre de citoyens se plaignant de nuisances comme le bruit et les odeurs.
«Même si l’activité usuelle de l’entreprise ne crée pas de danger pour la population, il n’empêche que cette usine pollue, poursuit Pierre Kaelin. Elle génère un important trafic de camions, ainsi que des nuisances pour le voisinage.»
Causes indéterminées
Les causes du sinistre sont encore inconnues. «Ce qui étonnant, c’est que le feu ait pris au beau milieu d’un empilement de voitures», explique Dario Balmelli, administrateur de Barec Holding à qui appartient Thévenaz-Leduc. «Je précise que les véhicules que nous stockons sont tous dépollués, c’est-à-dire qu’ils sont notamment vidés de leurs fluides tels que l’essence et l’huile, et n’ont plus de batterie. Par contre, il se peut que des gaz subsistent. Un seul frottement de tôle peut provoquer une étincelle, avec des conséquences désastreuses.»
L’incident a lieu alors que le broyeur de voitures de l’usine est en réparation. Les voitures se sont accumulées ces derniers temps. Au point de représenter un danger? Selon Dario Balmelli, tout a été fait dans les règles, en accord avec les autorités. Tant la police que la Direction générale de l’environnement du Canton de Vaud ne souhaitent pas s’exprimer sur la question des responsabilités à l’heure actuelle. «C’est le Groupe incendie de la Police de sûreté qui va désormais enquêter», explique Philippe Jaton, officier de presse de la police cantonale.
(24 heures)