
Mary Landrieu, la sénatrice démocrate de Louisiane, n’est pas parvenue samedi à sauver le dernier siège démocrate dans le sud des Etats-Unis. Elle a été largement battue par le républicain Bill Cassidy, qui a recueilli 56% des voix. Cette défaite reflète la profonde fracture raciale aux Etats-Unis. Des milliers d’Américains manifestent depuis des jours contre la décision de non-lieu prise par deux grands jurys concernant Darren Wilson et Daniel Pantaleo, des policiers blancs responsables respectivement de la mort de Michael Brown et Eric Garner, des noirs. Mais parallèlement, les Etats du sud du pays, majoritairement blancs et conservateurs, rejettent en bloc les démocrates et Barack Obama, le premier président métisse des Etats-Unis. Les chiffres de Louisiane s’inscrivent dans ce contexte. Mary Landrieu a remporté plus de 90% du vote noir. A La Nouvelle-Orléans, une ville où 60% de la population est noire, la sénatrice démocrate a recueilli plus de 87 000 voix contre 15 500 pour son adversaire républicain. Mais celui-ci a gagné plus de 80% du vote blanc dans le reste de l’Etat.
Pendant la campagne électorale, Bill Cassidy n’a cessé de critiquer la politique de Barack Obama dans un Etat dans lequel 73% des électeurs blancs désapprouvent l’action du président. Le conservateur a promis de s’attaquer à la réforme de la santé pour laquelle Mary Landrieu avait voté et que les républicains rêvent d’abroger. Au moment de reconnaître sa défaite samedi soir à La Nouvelle-Orléans, Mary Landrieu a souligné sa fierté d’avoir voté en faveur de cette réforme qui a permis à des millions d’Américains de pouvoir avoir une assurance-maladie.
Jerry Moran, le sénateur conservateur du Kansas, s’est réjoui samedi sur le site Politico de voir les républicains contrôler «tous les sièges au Sénat, tous les postes de gouverneur et tous les parlements étatiques des hautes plaines du Texas aux côtes des deux Carolines (ndlr: Caroline du Nord et Caroline du Sud)». En janvier, les républicains posséderont 54 des 100 sièges au Sénat. Les conservateurs auront aussi leur plus grosse majorité à la Chambre des Représentants du Congrès depuis les années 1940.
Lors de ces législatives des Midterms, plusieurs démocrates du «Deep South», le sud profond, n’avaient pas survécu politiquement à l’impopularité de Barack Obama dans le sud des Etats-Unis. Mark Pryor, le sénateur de l’Arkansas, avait été largement battu en novembre. Tout comme Kay Hagan, la sénatrice de Caroline du Nord, un Etat dans lequel 71% de la population est blanche. Les démocrates avaient aussi perdu leur siège au Sénat dans d’autres Etats conservateurs comme le Montana, la Virginie-Occidentale et l’Alaska.
Alors que Barack Obama se prépare à une inconfortable cohabitation avec un Congrès à majorité républicaine pour les deux dernières années de son mandat à la Maison-Blanche, les démocrates ont déjà commencé à préparer les élections 2016. Dans deux ans, la situation sera inversée. Les républicains seront forcés de défendre des sièges dans sept Etats que Barack Obama a remportés deux fois: la Pennsylvanie, la Floride, le Wisconsin, l’Ohio, le New Hampshire, l’Iowa et l’Illinois. Et des Etats comme le Texas, dans lesquelles la démographie est en train de changer, offrent des perspectives aux démocrates. D’ici 2020, il pourrait y avoir autant d’hispaniques que de blancs au Texas, un Etat contrôlé par les républicains. Cette année, les démocrates ont remporté 62% du vote latino.
(24 heures)