
Alors que Washington dit vouloir mener d’autres raids pour libérer des otages, la famille de Luke Somers, l’otage américain tué par ses ravisseurs samedi 6 décembre au Yémen, critique l’opération américaine de sauvetage ratée. La famille de Pierre Korkie, l’otage sud-africain tué lors de la même opération, préfère pardonner.
«Nous n’avons pas du tout été mis au courant (…) Cela a été un choc complet», a déclaré Penny Bearman, la belle-mère de Luke Somers, lors d’un entretien avec la radio britannique BBC 4. «Je crois que la famille aurait aimé voir plus de tentatives pour résoudre le problème (diplomatiquement) avant qu’il ne se transforme en crise», a-t-elle continué.
Vives réactions
Le père de Luke Somers est «en colère parce que s’il n’y avait pas eu de tentative de sauvetage, il serait toujours vivant», a-t-il confié au quotidien «The Times». «Mais en même temps (…) s’ils avaient été capables de le sortir de là, nous chanterions leurs louanges», a-t-elle admis sur BBC 4. «Nous sommes sûrs que Luke aurait soutenu les discussions en cours (pour assurer sa libération) au Yémen plutôt que l’emploi de la force», a-t-il assuré au «Times».
La famille de Pierre Korkie a elle «choisi de pardonner», préférant écarter toute polémique sur les circonstances de sa mort. «Aujourd’hui, nous avons choisi d’aimer. Nous avons choisi de nous réjouir des souvenirs de Pierre et de le faire vivre dans nos coeurs», a écrit sa veuve Yolande dans un communiqué publié dimanche soir.
Opération autorisée par Obama
Au cours de l’opération, Luke Somers, photojournaliste de 33 ans kidnappé en septembre 2013 à Sanaa, et Pierre Korkie, enseignant sud-africain retenu depuis mai 2013, «ont été assassinés par les terroristes de l’Aqpa» (Al-Qaïda dans la péninsule arabique), selon le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel.
Selon l’association caritative sud-africaine musulmane «Gift of the Givers», qui négociait depuis un an la libération de Pierre Korkie, l’enseignant s’apprêtait à recouvrer la liberté, peut-être dès dimanche.
Le président américain Barack Obama a affirmé avoir lui-même «autorisé cette opération de sauvetage (…) en coopération avec le gouvernement yéménite» après des «informations indiquant que la vie de Luke était en danger immédiat».
Les autorités yéménites soutiennent, comme Washington, que les ravisseurs «ont tiré sur les deux otages pour les liquider» après avoir «refusé de se rendre», selon la haute commission de sécurité à Sanaa. Dix combattants présumés d’Al-Qaïda ont été tués et quatre membres des forces antiterroristes yéménites ont été blessés lors de l’opération, selon le gouvernement à Sanaa.
Poursuivre les sauvetages militaires
Les Etats-Unis continueront à mener des opérations militaires pour libérer des otages américains, malgré l’échec de trois tentatives, a assuré dimanche Chuck Hagel. «Je ne pense pas qu’il faille revenir en arrière et revoir notre procédure. Est-elle imparfaite? Oui. Y a-t-il des risques? Oui», a-t-il déclaré au cours d’une visite sur une base militaire en Afghanistan.
Bien que les risques soient énormes, ces opérations sont certainement appelées à se poursuivre, notamment parce que le président américain Barack Obama continue à exclure le versement de rançons. Le sujet ne figure même pas dans le rapport qu’il a demandé cet été sur la politique gouvernementale concernant les otages, a fait savoir la Maison-Blanche.
Ce rapport a été demandé «en raison du nombre croissant d’enlèvements d’Américains par des groupes terroristes étrangers et de la nature extraordinaire des cas récents», a précisé un porte-parole du conseil national de sécurité.
(ats/Newsnet)