
Dans les couloirs de Radio France,à l’instar d’autres médias à Paris, les affichettes noires «Je suis Charlie» fleurissent sur les murs, vendredi. De l’avis de nombreux journalistes présents, au moins un million de personnes devraient participer à la grande marche organisée dimanche pour honorer la mémoire des douze victimes assassinées, mercredi, dans les locaux de Charlie Hebdo. Devant cette probable grande affluence à Paris, la police et les organisateurs ont prévu de créer trois parcours différents qui partiront de République dès 15 heures pour aboutir à Nation.
Le président français François Hollande se joindra aux manifestants, de même que la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre espagnol Mariano Rajoy, le chef du gouvernement britannique David Cameron, le président du Conseil italien Matteo Renzi, celui de l’Union européenne, le Polonais Donald Tusk, et celui de la Commission européenne, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. La présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga sera également du cortège.
Ce nombre d’un million de participants a déjà été atteint par le passé. En ne reprenant que les chiffres donnés par la Préfecture de Police – et non pas les estimations des organisateurs – il y avait 1 300 000 personnes pour protester contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002; C’est la dernière manifestation certifiée «millionnaire» par la police. En province, au moins 150 villes organiseront leur défilé.
Le FN absent
Ce bel élan a failli être freiné par les quiproquos que la présence ou non du Front national à cette grande marche républicaine a provoqués. Dans un premier temps, les organisateurs – c’est-à-dire les partis de gauche, rapidement rejoints par l’UMP de Nicolas Sarkozy et l’UDI (centriste), les syndicats et les mouvements de défense des droits de l’homme – n’avaient pas invité Marine Le Pen et son parti à participer à l’organisation de la marche. Et des voix au sein de la gauche se sont élevées contre leur présence.
Voyant le parti pris que le Front national pourrait tirer de cet ostracisme, le chef du gouvernement Valls et le premier secrétaire du Parti socialiste Cambadélis ont fait machine arrière en affirmant que tout le monde pouvait se rendre à ce rassemblement. Vendredi, le président François Hollande a confirmé cette position lors de la conversation qu’il a eue avec Marine Le Pen à l’Elysée. Le chef de l’Etat a même affirmé à la dirigeante du Front national que sa sécurité serait assurée, si elle décidait de se joindre au cortège.
Mais Marine Le Pen a préféré continuer à se draper dans sa toge de paria de la République. A l’issue de cette rencontre, elle a détaillé à l’intention des journalistes les deux propositions qu’elle avait faites au président, à savoir la suspension du Traité de Schengen afin de reprendre le contrôle des frontières et la déchéance de la nationalité pour les terroristes partis s’entraîner ou combattre à l’étranger et qui reviennent en France pour y commettre des actes barbares.
La dirigeante frontiste ne participera donc pas à la marche dédiée aux journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo. Un magazine qu’elle connaît bien. Certes, elle a pris sa défense lorsque l’hebdomadaire satirique a été menacé par les islamistes après la publication des caricatures du prophète Mahomet. Mais son affection pour ce journal a ses limites. Elle est l’une des rares responsables politiques françaises à avoir déposé une plainte en justice contre le magazine, il y a deux ans.
(24 heures)