WEF 2015: L’Open Forum se penche sur la religion et la violence

 

«La religion, un prétexte au conflit ?» C’est avec cette question que s’est ouverte mercredi la 12e édition de l’Open Forum de Davos (GR). Un thème qui prend une résonance particulière après les attaques à Paris et à l’heure où des conflits religieux secouent la planète.

Alors que des extrémistes répandent peur, haine et violence, peut-on encore parler de croyance quand il s’agit d’intolérance religieuse, se sont interrogés les participants au débat, dont l’ex-premier ministre britannique Tony Blair.

Eviter l’extrémisme par l’éducation

L’extrémisme et la violence ont toujours existé, ils font partie de l’histoire de l’humanité, a rappelé Tony Blair. Mais ce n’est pas la religion en tant que telle qui crée le conflit, «c’est l’idéologie perverse qui est dangereuse», a-t-il poursuivi. «L’extrémisme n’a rien de naturel». Et sur ce point, c’est au rôle de l’Etat et plus particulièrement au système scolaire de former ses citoyens à la tolérance religieuse».

«Et votre intervention en Irak, comment la justifiez-vous alors?», l’interpelle une personne du public à l’heure des questions. «Saddam Hussein n’était pas une figure de stabilité. Il a tué des centaines de milliers de personnes», répond-il. Qui est responsable de la situation actuelle en Irak? Et à qui la faute pour Charlie Hebdo ? Et au Mali, au Nigeria, en Centre-Afrique ? Et en Syrie, où le pays vit l’une des situations les pires de son histoire, rétorque Tony Blair.

Les guerres s’expliquent par une multitude de facteurs. «Les gens utilisent la religion comme prétexte», explique l’archevêque anglican sud-africain Thabo Cecil Makgoba. «Nous devons tous nous demander ce qu’est la religion ? Qu«est-ce qu’on peut faire contre ceux qui l’instrumentalisent ? “

S’interroger sur l’origine de l’extrémisme

«Ce n«est pas l’islam qui détruit, mais la violence», a renchéri le président de l’Institut Zaytuna Hamza Yusuf Hanson. L’islam est montré du doigt, qualifié de religion monolithique qui veut s’emparer de l’Occident. Or cette religion «n’a rien à voir avec le nazisme ou le fascisme comme certains avancent», a-t-il martelé. La majorité des musulmans sont pacifistes, a abondé l’archevêque.

Et d’ajouter : «Il faut s’attaquer au noyau du problème, à l’origine de l’extrémisme. Je condamne les attentats qui se sont produits en France. Mais je vous le demande de la même façon que la question a été posée au pape : est-ce que la liberté d’expression a des limites ? Oui a répondu François».

«La religion peut être une réponse aux personnes en recherche d’identité», estime le Sud-Africain. On accepte que l’industrie détruise des pays, mais comment réagissent les populations concernées ? Beaucoup se tournent vers la religion, l’extrémisme.

Pour les fondamentalistes, qui s’identifient à la religion, «toute personne qui n’y adhère pas est diabolisée. Ils sont convaincus qu’ils agissent pour Dieu», illustre de son côté le rabbin David Rosen, directeur international des affaires interreligieuses du Comité juif américain.

Sommaruga invitée jeudi

Rabbin, archevêque, ancien premier ministre, les personnes invitées à l’Open Forum viennent de tous horizons débattre de sujets d’actualité. Egalement au menu cette année: «l’ouverture des frontières, inévitable ou inutile ?»

Un sujet qui trouve cette fois un écho particulier en Suisse après l’acceptation par le peuple le 9 février de l’initiative contre l«immigration de masse. La ministre de la justiceSimonetta Sommaruga prendre d’ailleurs part au débat.

Le Haut Commissaire de l’ONU pour les réfugiés Antonio Guterres et le ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière, entre autres, participeront aussi jeudi aux discussions au côté de la présidente de la Confédération.

Au programme également de l’Open Forum, un débat sur le rôle des entreprises dans l’agenda social, avec la participation du patron de Nestlé, Paul Bulcke, vendredi. Cet espace de discussions, organisé en marge de la réunion annuelle du gotha, sera aussi l’occasion d«aborder des sujets comme Ebola, l’emploi et la démocratie. Des débats sont organisés deux fois par jour de mercredi à vendredi.

(smk/ats/Newsnet)