La flagellation du blogueur met Riyad sous pression

 

La deuxième flagellation publique de Raif Badawi, un blogueur saoudien condamné pour “insulte à l’islam”, devrait être reportée une nouvelle fois pour raisons médicales ce vendredi. Condamné à dix ans de prison et 50 coups de fouet, vingt semaines durant, ce cybercitoyen de 31 ans, est diabétique. Une commission médicale l’a examiné jeudi et estimé que les plaies des premiers coups de fouet reçus le 9 janvier n’étaient pas suffisamment cicatrisées. Cependant, les autorités saoudiennes peuvent ignorer cet avis.

Le supplice infligé à Raif Badawi a soulevé une vague d’indignation dans le monde. Amnesty international a appelé à sa libération immédiate et sans condition. L’Union européenne a aussi demandé à l’Arabie saoudite de suspendre les châtiments corporels.

Le refus de désavouer la flagellation de Raif Badaoui a provoqué la démission du vice-secrétaire général du Centre international Roi Abdullah Ben Abdelaziz pour le dialogue interreligieux et intercultu” (KAICIID) financé par Riyad et basé à Vienne. Suite à cette affaire, le chancelier autrichien, Werner Faymann, annonçait mardi que son pays souhaitait se désengager de cet organisme.

Selon l’épouse du blogueur, l’affaire aurait été renvoyée devant la Cour suprême, il y a un mois. Le principal grief de l’accusation au procès devant le tribunal royal s’attachait aux déclarations de Raif Badawi, en décembre 2010 sur la chaîne internationale France 24, concernant le droit d’un athée à s’exprimer librement. Souad Chammari, une militante saoudienne des droits de l’homme pensait elle que les critiques exprimées envers la police religieuse et certaines fatwas étaient à l’origine de sa condamnation.

Raif Badawi animait le site internet Liberal Saudi Network qui avait été distingué par le prix Reporters sans frontière pour la liberté de la presse en 2014. Il est le plus récent exemple d’une intensification des poursuites et persécutions menées par le régime à l’encontre des blogueurs et activistes des droits de l’homme, critiques à l’égard des Saoud et des leaders religieux. Des Saoudiens ont été emprisonnés pour de simples tweets.

“Le gouvernement veut envoyer un message au peuple: si vous pensez comme eux, si vous parlez comme eux, vous passerez le reste de votre vie en prison. Ils veulent faire un exemple”, commentait Samara Badawi, soeur de Raif, elle aussi militante des droits de l’homme. Son mari est emprisonné depuis avril dernier. C’est un avocat défenseur des droits de l’homme. Il a été condamné pour irrespect à l’égard des autorités à une peine de dix ans de prison, revue à la hausse avec cinq ans de plus, après son refus de faire des excuses.

L’Arabie saoudite est régulièrement épinglée pour avoir fait usage de la torture et pratiquer des détentions arbitraires. En outre, il applique la décapitation et les châtiments corporels de la charia telle qu’elle était en vigueur au temps de Mahomet.

(24 heures)