
Succession saoudienne: Le clan des Soudaïri prend le pouvoir à Riyad – News Monde: Moyen-Orient – 24heures.ch24 heures, l’actualité en direct: politique, sports, people, culture, économie, multimédia
Pas de temps à perdre. Le roi Salmane, 79 ans, a été intronisé ce vendredi à Riyad quelques heures seulement après le décès, dans la nuit, de son demi-frère Abdallah, âgé d’environ 90 ans. Le nouveau monarque, dont la santé est fragile, s’est empressé de confirmer le nom du prince héritier que lui avait destiné son prédécesseur: il s’agit de Moqren, 69 ans, plus jeune fils (vivant) du fondateur de l’Arabie saoudite, le roi Abdelaziz.
Mais surtout, le souverain a immédiatement nommé par décret un «vice-prince héritier» en la personne de son neveu Mohammed ben Nayef, 55 ans, ministre de l’Intérieur. Et il a placé son propre fils, Mohammed ben Salmane, à la tête des armées. «C’est le retour en force des Soudaïri», note le chercheur genevois Hasni Abidi, du Global Studies Institute. C’est-à-dire le clan très soudé formé par la progéniture de Hassa bint Ahmad al-Soudaïri, l’épouse favorite du roi Abdelaziz, mère de sept de ses 36 fils. Le dernier monarque membre de cette branche de la dynastie était le roi Fahd, bien connu à Genève pour avoir fait construire en 1987 une vaste villa à Collonge-Bellerive.
La nouvelle génération
«C’est aussi une réponse à la nouvelle génération, celle des petits-fils, qui piaffaient d’impatience. Leur tour est donc proche, mais dans la continuité du régime. Chapeautant la police, la garde nationale et les renseignements, Mohammed ben Nayef est en effet l’homme le plus puissant du royaume. C’est un champion de la lutte contre le terrorisme, lui qui a survécu en 2009 à un attentat d’Al-Qaida. Enfin, c’est le fils de feu Nayef, qui fut prince héritier et surtout ministre de l’Intérieur pendant 37 ans! Bref, un pilier. Avec son fils Mohammed, la survie de la dynastie sera assurée.»
Que faut-il penser de cette soudaine cascade d’annonces, dans la gérontocratie saoudienne? «C’est tout le contraire de la précipitation, explique Hasni Abidi. Tout cela a été planifié de longue date, adopté par consensus au sein du conseil de famille et sans doute aussi approuvé à l’avance par Washington, le grand allié. Montrer ainsi qu’il n’y a aucune instabilité au cœur du régime, c’est extrêmement important, car il n’y a jamais eu de succession dans un contexte aussi tendu: chute des cours du pétrole, Yémen voisin passant sous contrôle chiite, Irak et Syrie aux prises avec Daech (ndlr: le groupe «Etat islamique»)!»
Le roi Salmane sera-t-il à la hauteur? En tout cas, c’est un homme d’expérience. Il fut gouverneur de Riyad pendant 48 ans, supervisant la métamorphose de cette petite ville du désert en capitale moderne, riche en gratte-ciel, universités et fast-foods. Il a donc été en contact avec de nombreux investisseurs étrangers. Et de par ses fonctions, il a reçu les grands de ce monde lors de leurs visites en Arabie saoudite. Il possède un important groupe médiatique. Et depuis 2011, il était ministre de la Défense. Nommé à ce poste peu après l’intervention saoudienne à Bahreïn, il a récemment dû gérer la participation du royaume à la coalition internationale contre Daech. Pour compléter le tableau, l’un de ses fils est vice-ministre du pétrole. Un autre gouverneur de Médine. Un troisième à la tête du tourisme.
Hier soir, après les funérailles très dépouillées du roi Abdallah, la «cérémonie d’allégeance» au roi Salmane a commencé au palais royal. Des centaines de Saoudiens se pressaient pour promettre «obéissance et fidélité».
Insensible aux libertés
Quant à Barack Obama, il a été parmi les premiers à rendre hommage au défunt roi Abdallah, «un dirigeant sincère ayant le courage de ses convictions», selon la Maison-Blanche, qui a décrit «une véritable amitié chaleureuse» et rappelé «la force du partenariat». Et tant pis si Amnesty International dénonce un régime «insensible aux droits de l’homme», accusant l’Occident de couvrir ce régime en raison de son poids pétrolier et de son soutien dans la lutte contre les djihadistes.
(24 heures)